A l’heure de l’apéro, parler de la mort en profitant de la vie
1er novembre 2024 à 1h01 par Nicolas Terrien
Parler de la mort... en profitant de la vie : c’est le concept des "apéros de la mort" développés par l’association "Happy End" avec l’organisation de rencontres régulières, comme à Blois depuis trois ans. A l’initiative, Sofia Bataille et Laëtitia Gauthier-Plisson. Rencontre.
"Apéro de la mort" : de prime abord, on pourrait croire à un jeu, type escape game, mais il n’en est rien. Ici, une table joliment dressée et déjà garnie de quelques douceurs apéritives attend les participants à cette rencontre du soir, dans l’espace café d’un fleuriste des bords de Loire à Blois. Laëtitia et Sofia en ignorent encore le nombre exact. "L’idée, c’est de venir discuter librement, simplement, sans jugement et sans tabou de la mort" résume Laëtitia Gauthier-Plisson, accompagnante au deuil, mais aussi à la naissance, de manière à tisser le lien entre la vie et la mort. En fait, chacun a ses motivations pour venir à cet apéro "surtout pas glauque !" insistent ses initiatrices. Venue pour la première fois en curieuse, Tilda expose les siennes : "J’entre dans ma soixante-dixième année, et je commence à me préoccuper de ce qui va se passer après" explique cette habitante de Saint-Laurent-Nouan, jusqu’à en rigoler... "Ça ne fait pas mourir, donc on peut en parler". Et comme disait Nietzsche, "ce qui ne me tue pas me rend plus fort". Plus fort pour affronter les épreuves du deuil, jusqu’à songer à sa propre finitude ?
La mort, "déjà en parler"
Alors que les participants viennent de s’attabler, Laëtitia énonce les règles de la soirée. Trois minutes de présentation chacun en exposant les raisons de sa présence, discuter voire débattre sans s’interrompre... Tout de suite, une immense bienveillance se dégage des propos doux des deux animatrices, dont Sofia Bataille. "On parle beaucoup du deuil, mais ça peut aussi dériver sur des sujets liés à la règlementation dans les cimetières ou l’organisation des obsèques ou encore sur les rites funéraires". Des questions auxquelles l’agente funéraire se propose d’apporter de précieux éclairages, comme elle le fait au quotidien au sein de son agence "Memorys" à Blois. Mais c’est un fait, la mort fait peur, même dans une société qui s’efforce de l’invisibiliser toujours plus. "Pourtant, nous le savons bien, cette question finit toujours par se poser à nous". Et à Blois comme dans d’autres villes de France, ces apéros de la mort trouvent leur public, en profitant aussi des douceurs de la vie ! "Il faut déjà commencer par en parler"...