A Rouen, dernière année de travaux pour l'abbatiale Saint-Ouen
3 octobre 2024 à 22h17 par Julien Dubois / crédit photo : Sweet FM
Entamé en 2021, le chantier de restauration de l'abbatiale Saint-Ouen est entré dans sa dernière phase. Les équipes présentes sur place se concentrent désormais exclusivement au massif occidental de cet édifice, qui retrouve peu à peu sa blancheur d'origine.
Le chantier de restauration de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen nous ouvre ses portes : les travaux, entamés en 2021, étaient devenus indispensables, au vu de l'état de délabrement de la charpente des bras des transepts nord et sud, et pour permettre à certains pans noircis par la pollution de retrouver leur blancheur d'origine. "C'est un chantier absolument monumental, qui réunit diverses spécialités, divers artisans d'arts qui interviennent sur le monument, et cette rénovation va changer littéralement l'image du quartier de l'hôtel de ville" indique Christine de Cintré, élue en charge du patrimoine à la ville de Rouen. "Comme ça fait 180 ans qu'elle n'a pas été restaurée, personne ne l'a vu dans son état d'origine" ajoute Charlotte Hubert, l'architecte en chef du chantier.
Enormément de pierres à remplacer
La dernière phase de ce chantier, dont le montant global est évalué à 25 millions d'euros, se concentre sur le massif occidental du 19e siècle, qui n'avait jusque-là jamais subi de retouches. Elle permet de constater que le temps a largement fait son œuvre sur la pierre : "Au bout de 150 ou 160 ans, vous voyez, rien n'est éternel, donc le joint de chaux est usé, l'eau touche le plâtre et la pierre s'abime. C'est pour ça qu'on a eu énormément de pierres à remplacer, à cause de ça […] Donc on refait nos joints, on fait attention à la compatibilité entre matériaux. Et on sait que nos restaurations, et c'est déjà du long terme, elles durent en général une centaine d'années, et au bout de cent ans, il faut revenir. Et là, après 180 ans, il était un peu tard" souligne Charlotte Hubert.
Six corps de métiers
Les techniques évoluent toutefois par rapport à celles utilisées lors des phases de restauration des transepts et du portail des Marmousets, datant du 16e siècle, et donc plus ancien. "Sur ce massif occidental, on a des très gros blocs, pas facile à mettre en œuvre. On a énormément de statues, et ce n'est pas la même chose la taille de pierre, que la sculpture sur pierre. Et ça, c'est ce qui fait la particularité de l'architecture rouennaise, c'est extrêmement sculpté dans la période gothique et néo-gothique" explique Charlotte Hubert. Un chantier qui mobilise jusqu'à six corps de métiers : des menuisiers, tailleurs de pierres, couvreurs, ou encore des sculpteurs, largement sollicités sur cette dernière phase. "Il y a des éléments neufs qui ont été changés, et donc on reproduit à l'identique les crochets de feuilles de choux. C'est assez agréable de travailler sur un site aussi beau, et on se sent un petit peu perché" confie Angelo.
La galerie des statues bientôt dévoilée
Et si les Rouennais redécouvriront dès le mois prochain la galerie des statues, actuellement recouverte d'un échafaudage dont la dépose est progressive, l'aboutissement du chantier est quant à lui prévu pour la fin 2025. "Ce sont des chantiers qui sont à la fois très longs, je pense, pour ceux qui nous regardent de l'extérieur, et très court quand on est à l'intérieur, parce qu'on a beau être nombreux, il y a énormément de travail. Il faut se rendre compte que chaque pierre est nettoyée par une main, que chaque sculpture, c'est une autre main qui fait, et il y a des kilomètres de joints sur un édifice comme celui-là" rappelle Charlotte Hubert, sereine quant au respect des délais fixés par la ville.