Caen : les carrières de Beaulieu, une mine d’or à découvrir

Que se cache-t-il sous nos pieds ? La ville de Caen dispose de 80 hectares de carrières -quarante en sous-terrain, autant à ciel ouvert-, ce qui représente à peine 3% de la surface totale de la ville. Figurent notamment celles de Beaulieu, qui ont été exploitées du XVII au XIXe siècle avec une réouverture pour la construction du Mémorial dans les années 1980. Désormais non exploitées, elles viennent d’être aménagées par les services de la collectivités -300 000 euros pour le coût des études et des travaux-. Résultat : un parcours parfaitement praticable -accessible à tous les publics, notamment les personnes en fauteuil roulant-, éclairé et balisé, permettant de cheminer dans les grandes chambres d’extraction de la pierre de Caen. "Il y avait un magnifique gisement en très bon état avec peu de fissures naturelles" explique Frédéric Coyer, responsable du pôle carrière de la ville de Caen, service fondé en 1955 à la suite de nombreux incidents de sols à l’est de la capitale du Calvados, du côté du CHR entre autres.

Un refuge pendant la Seconde guerre mondiale

Promiscuité, humidité... Ces carrières, dont la température est de 12 degrés en permanence, ont servi d’abri aux habitants du quartier de la Maladrerie en juin 1944. Une cinquantaine d’entre eux ont alors vécu pendant plusieurs semaines dans cet espace très sombre, s’éclairant soit à la bougie, soit à la lampe à pétrole au moment où en surface se produisaient des combats terribles. A une autre époque, le site, lorsque les puits étaient encore ouverts -les carrières étaient uniquement accessibles par un puits à partir de la surface- et que l’activité était arrêtée depuis fort longtemps, constituait un terrain de jeu pour les adolescents du coin et même les jeunes adultes, notamment les amoureux désireux de trouver de la tranquillité, d’où l’appellation du "Carrefour des cœurs". Actuellement, le site sous-terrain de Beaulieu est un habitat vital pour les chauves-souris en période hivernale et un lieu de reproduction reconnu. L’hiver dernier, 139 individus de six à sept espèces ont été recensés.

Des visites guidées supplémentaires

Proposées par le musée de Normandie-Mission de valorisation du patrimoine de la Ville de Caen, en partenariat avec l’office de tourisme de Caen-La Mer et la collaboration du service des carrières, des visites guidées seront mises en place à partir de la fin mai. Les premiers créneaux ouverts à la réservation sont déjà complets. Raison pour laquelle des visites guidées supplémentaires vont voir le jour : le vendredi 9 juin dans la matinée et dans l’après-midi, le jeudi 15 juin (le matin) et le samedi 26 août (l’après-midi). Chaque sortie d’une durée d’1h15 est limitée à 17 participants (c’est ouvert à partir de 12 ans). Circuit accessible aux personnes en situation de handicap moteur. Tarif unique : 7 euros. Réservation à partir du lundi 15 mai, 14h, sur le site de l’office de tourisme de Caen-La Mer.

Une offre à développer sur ces lieux atypiques

Désormais, les locaux mais aussi les touristes auront une nouvelle adresse à explorer. Après le château, le Mémorial, bientôt les carrières. "On a aussi la glacière de la rue d’Authie et les carrières de Fleury-sur-Orne. Il y a quelque chose à développer, il y a une offre à proposer sur l’ensemble de ces lieux atypiques à visiter" vise Ludwig Willaume, adjoint au maire de Caen, en charge des espaces publics et de la qualité du cadre de vie. "Avant tout, l’objectif est de faire revenir les Caennais dans le berceau de leur ville. Nous souhaitons aussi expliquer aux touristes comment tout ça s’est construit, jusqu’où la pierre de Caen est partie...". L’élu poursuit : "C’est une chance d’avoir ce patrimoine, c’est également une chance de pouvoir ouvrir ces carrières aux visiteurs, il faut saluer le travail de mise aux normes au niveau sécurité et accessibilité effectué par nos agents".