Ne lui dites pas qu'on part en maraude... "Il s’agit d’une tournée de rue !" rectifie d’emblée Camille, en marchant d’un pas rapide en direction du centre-ville. "Mon rôle n’est pas de leur distribuer des couvertures, mais de leur proposer un suivi, notamment administratif". Sauf que ce mardi soir, le plan "grand froid" est déclenché depuis plus de 24 heures sur le Loir-et-Cher. "Je dois m’assurer que chaque personne que je rencontre a une solution pour dormir au chaud". Les escaliers Denis-Papin sont descendus d’un pas rapide. Un regard à gauche, un autre à droite. Camille tente d’identifier les personnes susceptibles d’être protégées. Direction la cour des Miracles, puis la rue du Puit-Châtel. Personne. "Il est déjà 18h et beaucoup sont déjà partis en quête d’un abri" explique l’éducatrice spécialisée de l’équipe mobile Santé-Précarité du CIAS du Blaisois.

Deux hommes à la recherche d’un abri

En descendant la rue Henri-Drussy, Camille tombe sur Julien sortant d’une supérette : "Je vais chez des amis ce soir" assure ce sans-abri de 28 ans qui, la veille, a dormi "dans un squat". Rassurée, la jeune femme en profite pour lui fixer un rendez-vous dès vendredi au CIAS pour suivre sa demande de logement. "C’est ça mon rôle" nous rappelle-t-elle, en reprenant sa marche effrénée. Personne place Vaslin-de-la-Vayssière, ni place Louis-XII. En ce début de soirée, les températures sont déjà négatives. "On va aller voir rue du Commerce où une présence nous a été signalée". Là encore, personne. Le téléphone sonne. Là encore, Camille est avisée de la situation de deux hommes en recherche d’un abri pour la nuit. "Dites-leur de se rendre à la gare pour 19h, ils seront pris en charge".

"Dormir dans un endroit chaud et sécurisé"

La gare de Blois où patientent déjà plus de trente personnes en attente de leur transfert vers le gymnase des Provinces, réquisitionné la veille par les services de l’Etat. Elles sont encadrées par les bénévoles de la Croix Rouge et de la Protection Civile. "Ce soir, je pourrai dormir dans un endroit chaud et sécurisé" se réjouit José. Une solution qu’il a lui-même sollicitée via le 115. De son côté, Camille transmet les résultats de sa tournée aux autres structures d’aide et d’accompagnement. Des renseignements précieux pour ceux qui s’apprêtent à effectuer, à leur tour, leur maraude dans la ville, "au moins jusqu’à 22h" indique Mathieu, de la Protection Civile. Car tant que le plan "grand froid" sera activé au regard des températures négatives, hors de question de laisser qui que ce soit dehors. Mais plan ou pas, Camille reprendra sa tournée de rue dès le lendemain soir.