De Kiev au Perche : l’odyssée d’Ievgeniia Rochchenko

"Quelle joie de se retrouver ici !" : une semaine après son arrivée au Theil-sur-Huisne, la jeune femme reprend des forces. Dès ce jeudi 24 mars, elle bénéficiera d’un rendez-vous médical pour le suivi de ses quatre mois de grossesse. "Je pense que ce sera une fille" estime Ievgeniia Rochchenko qui parle un très bon français, même si c’est une première pour elle dans l’hexagone. A ce jour, la jeune femme ignore si son bébé naîtra en France ou en Ukraine. Les événements en décideront. "Ce que nous voulions, c’était mettre notre bébé en sécurité". A ses côtés, son compagnon d’origine nigériane acquiesce. C’est de leur appartement mis à disposition par la commune qu’ils racontent leur départ forcé.

Contraints de fuir...

Tous deux ont quitté Kiev pilonnée par l’armée russe il y a un peu plus de dix jours : "Les murs de notre appartement tremblaient" se remémore Ievgeniia Rochchenko. Une fois sa décision de fuite prise, le couple a sauté dans un train bondé vers l’est du pays, avant de gagner la Hongrie. "Une fois arrivé, c’était le soulagement" témoigne l'Ukrainienne, éprouvée par des heures et des heures de voyage et d’attentes. Rapidement, il y a eu une prise en charge lors de laquelle elle a fait part de son choix de gagner la France, puisqu’elle en maîtrise très bien la langue. Ce n’est qu’une fois à Paris qu’elle a été orientée vers le Perche ornais par l’Office français immigration-intégration (OFII).

Le Perche solidaire

"Nous avons été très bien reçus ici, à Val-au-Perche". Il faut dire que la commune nouvelle a rapidement activé une chaîne de solidarité, avec notamment la mise à disposition de logements pour une vingtaine de déplacés ukrainiens, surtout des mères de famille avec leurs enfants ou des couples. Six autres personnes réfugiées sont encore arrivées mercredi dans la soirée dans les appartements de la résidence des Quatre-Vents au Theil-sur-Huisne. "Je ne trouve pas les mots pour remercier tous les habitants". A son arrivée dans le logement, Ievgeniia Rochchenko l’a découvert quasiment tout équipé. "Il y avait même des fleurs !".

Inventer un nouveau quotidien

Aujourd’hui, Eevgeniia est en sécurité. Elle se fait même appeler "Jenny" par les bénévoles, notamment par Liliane Mousset, sa marraine qui l’assiste et la guide dans son intégration percheronne. Sa maîtrise du français la propulse logiquement comme interprète entre ses compatriotes et les bénévoles du secteur. "Nous avons créé un groupe WhatsApp pour faire passer les infos". Une semaine après son arrivée dans le Perche, la jeune femme a un désir : "vite trouver une activité ou un travail pour s’intégrer". La préfecture de l’Orne vient de lui adresser, ainsi qu’à son compagnon, une autorisation de séjour de six mois.