Dans l’Eure, les violences intrafamiliales gagnent du terrain

14 février 2024 à 13h52 par Tanguy Papin

La préfecture de l’Eure a présenté son bilan sur la lutte contre la délinquance dans le département. Fait marquant en 2023, les violences intrafamiliales représentent presque la moitié des atteintes aux personnes.

Les violences sur les personnes se déroulent de moins en moins dans la rue, par le biais d’inconnus cherchant à dérober les biens d’autrui. L’année dernière, sur 6 415 affaires d’atteintes volontaires à l’intégrité physique des personnes relevées par les forces de l’ordre dans l’Eure, 3 044 ont eu lieu au sein d’un même foyer familial. "On assiste à un changement de société et d’appréhension de cette forme de délinquance, depuis la pandémie" affirme le préfet, Simon Babre. 


Une hausse de 26% en un an 


La progression se répercute aussi sur le taux d’élucidation de ces affaires. Comme les auteurs d’agressions sont de plus en plus des conjoints, des parents ou d’autres membres de la famille, les services de la gendarmerie et de la police nationale ont moins de mal à résoudre les enquêtes. En zone gendarmerie, qui recouvre 80% de la population du département, plus des trois quarts des affaires ont été élucidées. 


Une amélioration de l’accueil des victimes 


Comme ces affaires ont souvent lieu dans la sphère privée, les services améliorent leur accueil afin de faciliter le dépôt de plainte en commissariat ou en gendarmerie. La gendarmerie de l’Eure dispose par exemple de quarante-et-un référents violences intrafamiliales sur l’ensemble du territoire. "C’est une délinquance subie" explique le colonel Emmanuel Gros, commandant du groupement de gendarmerie départemental, "il faut donc engager fortement nos services pour gérer ces affaires qui relèvent de l’urgence". 


La justice se veut au rendez-vous 


Sur le plan de la réponse judiciaire, le procureur de la République, Rémi Coutin, remarque aussi une hausse des violences intrafamiliales. Aujourd’hui, un tier des personnes déférées devant le parquet d’Evreux le sont pour de tels faits. Et elles donnent aussi lieu à de plus en plus de peines de prison ferme. "Quand j’ai commencé ma carrière de procureur au début des années 2000, on ne voyait pas autant d’affaire de violences intrafamiliales, et les peines n’étaient pas aussi dures" confirme le magistrat.