Hervé Morin veut une Normandie pionnière dans les mini réacteurs nucléaires
12 décembre 2023 à 21h16 par Emilien Borderie et Tanguy Papin
Hervé Morin, président du Conseil régional de Normandie, et Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime, ont adressé ce 30 novembre un courrier au président de la République pour revendiquer l'accueil du premier réacteur nucléaire de type "SMR" sur le territoire.
"En Normandie, le nucléaire ne pose aucun problème" : c'est Hervé Morin qui le dit, ou plutôt qui l'écrit, dans un courrier que le président centriste du Conseil régional signe avec Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Maritime, et dont les rédactions ont été destinataires, en même temps qu'il a été adressé au président de la République. En synthèse, il s'agit de réclamer, auprès d'Emmanuel Macron, l'implantation sur le territoire normand, du premier "SMR", autrement dit, le premier des "mini réacteurs nucléaires modulaires" qu'EDF, via sa filiale "Nuward" entend développer puis commercialiser à l'international à partir de 2030.
Tissu industriel et compétences déjà là
Hervé Morin et Sébastien Jumel insistent auprès du chef de l'Etat sur le fait que la Normandie, forte de 1 600 entreprises et 36 000 salariés dédiés à ce domaine, est "la première région européenne productrice d'énergie" et qu'elle pèse à elle seule 17% de la production française d'origine nucléaire : "Nos compatriotes savent que la France en a besoin et d'ailleurs beaucoup d'entre-eux travaillent directement ou indirectement pour cette filière" ajoutent-ils, avant de proposer l'implantation d'un de ces futurs SMR "sur une centrale nucléaire normande, à proximité d'une zone industrielle à forts enjeux ou sur l'un de nos ports".
Reste à faire fonctionner ces petits réacteurs
La vision idéaliste du président de la région et de son allié de circonstance n'est pas partagée par le réseau Sortir du Nucléaire : "C'est un écran de fumée, aujourd'hui il n'y a a aucun exemplaire de SMR qui fonctionne dans le monde, aucun qui soit abouti, seulement une centaine en cours de construction selon l'Agence internationale de l'énergie atomique" nuance Marion Rivet, chargée de communication pour l'organisation militante, qui s'étonne par ailleurs de l'échéance de 2030, "citée dans la lettre mais complètement hors délai face aux enjeux climatiques dont il est aussi fait mention et qui impliquent d'avoir fait baisser nos émissions de gaz à effet de serre avant cette date".
La dangerosité d'une implantation sur les côtes
Quant aux lieux proposés, sur le littoral notamment, pour l'implantation de ces mini-réacteurs ? "Ça sous-entend que les mesures de sécurité qui aujourd'hui sont la norme, ne vont pas s'appliquer aux SMR alors qu'on constate déjà sur nos côtes les conséquences du réchauffement climatique : le fait d'envisager d'installer un réacteur nucléaire sur un port qui va être soumis à des tensions à cause de l'élévation du niveau de la mer, pour nous, c'est presque irresponsable !" répond Marion Rivet, selon laquelle "les réacteurs nucléaires ne sont pas des projets industriels comme les autres".
Titre :Marion Rivet, pour le réseau "Sortir du Nucléaire", interrogée par Tanguy Papin :