Les déserts médicaux touchent aussi... les animaux

En France, moins de 20% des vétérinaires en activité pratiquent leur métier en milieu rural : "Certains de mes collègues abandonnent la partie élevage, c’est-à-dire les soins aux gros animaux comme les bovins" confirme le docteur Henri Touboul, installé à Savigny-sur-Braye. Par ailleurs vice-président du syndicat des vétérinaires d’exercice libéral en Centre-Val-de-Loire, il diagnostique plusieurs maux : "Il y a d’abord un problème de recrutement et, comme nos emplois du temps sont de plus en plus surchargés, il est tentant de se consacrer à la pratique des soins aux chiens, aux chats et autres petits animaux".

Un défaut d'observation

Comme pour la médecine humaine, hormis le sud de la France, la désertification gagne toutes les régions. Et notamment le grand ouest, avec des conséquences fâcheuses : "On se retrouve avec des animaux en attente de soins, dont l’état se dégrade plus qu’il ne devrait" explique Henri Touboul. Avant d’alerter sur le lien avec l'homme, en se référant à l’origine sans doute animale de l’épidémie de Covid-19 : "Vous avez des zoonoses que les vétérinaires peuvent être les premiers à découvrir parce qu’ils soignent et observent les animaux, donc le problème du maillage vétérinaire est aussi un problème d’épidémio-surveillance".

Vers des écoles privées

Pour favoriser la formation de nouveaux vétérinaires en France, aujourd’hui assurée par quatre écoles nationales et publiques seulement, l’Etat étudie la possibilité d’autoriser l’ouverture d’établissements privés. Mais l’idée n’est pas sans susciter la critique : selon certains, on développerait ainsi un exercice purement lucratif du métier et on ne résoudrait pas le problème de sous-dotation en zones rurales. En attendant, pour tenter d’éveiller les étudiants vétérinaires aux intérêts de la pratique en milieu rural, une plateforme web de recrutement de stagiaires a été lancée : stagevet.fr !