Le train, grand oublié des projets d’entrepôts en Sarthe

Publié : 3 février 2024 à 14h47 par Corentin Allain / crédit photo : Sweet FM

Une dizaine de plateformes logistiques pourrait voir le jour en Sarthe : à Cherré, La Milesse, Trangé, Louailles ou encore Ecommoy. Toutes se trouvent à proximité d’autoroutes, mais aucune ne semble prendre la question du ferroviaire à bras le corps.

"C’est une aberration" entame bille en tête Eric Mussard. Représentant syndical CGT Cheminot en Sarthe, il ne comprend pas pourquoi aucun des porteurs de projets d’entrepôts logistiques n’envisage le rail pour faire transiter ses marchandises. "Le plus absurde, c’est celui de la Milesse" poursuit l’agent de circulation à la gare du Mans : "il se veut exemplaire sur le plan écologique, mais il est situé sur l’ancienne base de travail de la LGV et aucune connexion avec le rail n’a été envisagée...".


Un train pour cinquante camions


La route est donc l’unique solution choisie par les promoteurs pour importer et exporter leurs produits. Et de fait, tous les futurs entrepôts se trouvent au pied d’échangeurs. Pourtant la Sarthe n’est pas qu’un nœud autoroutier, c’est aussi un carrefour ferroviaire. "A La Milesse, c’est deux-cents camions par jour, alors qu’un train équivaut à cinquante camions. Quatre trains suffiraient quotidiennement" poursuit Eric Mussard. "Pourtant, le camion est vingt fois plus polluant et la route vingt-neuf fois plus mortelle".


Comment expliquer, alors, ce trou dans la raquette ?


Complexité de mise en place et délais d’instruction sont autant d’arguments qui pèsent contre le train au moment de l’installation d’une plateforme. "Quand on parle de quatre ou cinq ans, c’est déjà beaucoup" confirme Vincent Lesage, le PDG du transporteur de marchandises Breger, basé en Mayenne. Mais la plus grosse difficulté est, comme souvent, économique. Impossible, ou presque, pour un industriel d’être rentable avec le transport ferroviaire sans affréter un train complet.


Tout est question de massification


"Pour qu’il soit rentable, un train doit être rempli à 80% minimum toute l’année" poursuit Vincent Lesage. Se pose aussi la question de la nature des biens : le rail n’est-il adapté qu’aux marchandises lourdes, comme les matières premières ou les déchets ? "Pas forcément" tempère le patron de Breger : "Certains produits manufacturés aux délais de livraison moins tendus peuvent correspondre, comme l’eau embouteillée par exemple". A condition, bien sûr, que les derniers kilomètres se fassent... Par la route.

Titre :Reportage de Corentin Allain :

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