Après Arjo, Bessé voit l'avenir en gants

La ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, était en Sarthe ce mercredi 26 mai

Crédit : Corentin Allain

Publié : 27 mai 2021 à 9h57 par Corentin Allain

Le papier, c'est du passé. L'ancien site Arjowiggins de Bessé-sur-Braye, liquidé en 2019, va produire des gants en nitrile dès 2022. En attendant d'autres activités.

Deux milliards. C’est le nombre de gants en nitrile qui seront produits chaque année, à Bessé-sur-Braye, par Kolmi Hopen. La société basée près d’Angers a choisi l’un des plus gros bâtiments de l’ancienne usine d’Arjowiggins, liquidée il y a deux ans, pour y installer ses très imposantes lignes de production. Elle occupera "20% du site de 45 hectares" précise Pierre Petit, président de Paper Mills Industries et propriétaire des lieux.


Au moins 150 emplois créés dès l’an prochain, 300 à l’horizon 2027


L’investissement est loin d’être anecdotique pour les différents acteurs : 40 millions d’euros au total, dont 25 millions pour le groupe ligérien, 5 millions pour la région Pays-de-la-Loire et 10 millions pour l’Etat, par le biais du plan France Relance, d’où la présence de la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, ce mercredi 26 mai. L’intérêt est double pour elle : "Assurer l’indépendance de la France de cet équipement de protection" et "réindustrialiser un territoire touché par la fermeture d’Arjowiggins". Dès le printemps 2022, date du lancement de la production de gants, ce sont 150 à 200 emplois qui seront créés, 300 à l’horizon 2027.


L'enseigne Arjowiggins a disparu du site


25 à 30% plus chers


Mais ces gants "made in Sarthe" seront-ils compétitifs avec ceux produits en Malaisie, qui détient actuellement la quasi-totalité du marché ? "Malheureusement, non" répond du tac-au-tac Gérald Heuliez, directeur général de Kolmi Hopen. "La question des gants est la même que celle des masques que nous produisons. Nous sommes 25 à 30% plus cher, mais la qualité n’est pas la même. On ne peut pas dire à un industriel « bravo, c’est bien d’être resté en France ! » pour entendre deux ans après « c’est trop cher ». Il faut juste avoir une cohérence, et on espère que les acheteurs publics et privés le comprendront".


Gérald Heuliez


Après les gants, d’autres activités en approche ?


Il y a quelques jours, la pancarte Arjowiggins a disparu de l’usine de Bessé, signe que l’activité papeterie fait désormais bien partie du passé. Mais il reste de la place sur le site de 45 hectares, que peut-on imaginer en plus pour ce bassin d’emploi à cheval sur la Sarthe et le Loir-et-Cher ? "Nous avons d’autres projetsconfirme le propriétaire Pierre Petit. "On voudrait faire de ce site un endroit décarboné, et on imagine peut-être l’installation de datacenters, de fermes photovoltaïques, ou encore la production d’hydrogène. Mais tout cela est à l’état de projet" tempère-t-il, soucieux de ne pas créer de faux espoirs. Deux ans après la catastrophe de la liquidation "d’Arjo", le maire de Bessé-sur-Braye, Jacques Lacoche, estime "à 150 environ" le nombre de salariés n’ayant pas retrouvé d’emploi.