Certains commerçants alençonnais "anesthésiés" par les aides de l’Etat ?
Crédit : Jonathan Lateur
Publié : 24 novembre 2020 à 15h11 par Corentin Allain
Il ne nie évidemment pas l'intérêt des sommes versées par le gouvernement. Mais Jean-Luc Adda, président du tribunal de commerce d'Alençon, y voit aussi un effet pervers sur les petits commerçants : elles empêcheraient certains indépendants d'anticiper les difficultés à venir.
Alors que beaucoup de gérants de bars et de restaurants disent faire face à des difficultés financières pendant ce deuxième confinement, le tribunal de commerce d’Alençon s’interroge, par la voix de son président : Jean-Luc Adda ne comprend pas trop pourquoi si peu d’indépendants viennent pousser sa porte pour demander de l’aide. Ce n’est pourtant pas faute de le suggérer, selon lui : "Ca ne rentre pas bien dans les esprits, je me bats là-dessus depuis des mois" assure-t-il. "Je crois que certains ont été un peu anesthésiés par les aides gouvernementales, mais quand ces mêmes commerçants seront au pied du mur, et qu’un huissier leur demandera de payer les factures, ils s’apercevront peut-être qu’il fallait faire quelque chose plus tôt". Il prévient : "Plus l’on tardera, plus ce sera difficile de débloquer des aides pour eux".
Les commerçants, eux, se disent vigilants
Côté commerçants, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de l’Orne se réjouit d’avoir une oreille attentive en la personne de Jean-Luc Adda, mais à l’inverse du président du tribunal de commerce, Roger Bellier estime que les indépendants sont "vigilants par rapport à toutes ces aides mises en place". Cela vient de l’expérience vécue lors du premier confinement : "Beaucoup de personnes nous ont dit que l’on toucherait 1 500 euros d’aide, mais nous nous sommes rendus compte que peu d’entreprises y ont eu droit. On ose espérer que ce ne sera pas la même chose pour les 10 000 euros promis, car sinon nous courons à la catastrophe", explique-t-il.