Condé-sur-Sarthe : FO-Justice appelle le directeur à quitter son poste
A Condé-sur-Sarthe, le centre pénitentiaire
Crédit : Manon Foucault
6 octobre 2021 à 17h18 par La rédaction
Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-Justice, doute de l'adéquation entre la nature avant tout sécuritaire de la prison de Condé-sur-Sarthe et la vision qu'en a son actuel directeur.
"Je pense que le chef d’établissement qui est aujourd’hui en poste à Condé-sur-Sarthe n’a pas le profil pour gérer ce centre hyper-sécuritaire" tacle Emmanuel Baudin, secrétaire général FO-Justice, au lendemain de la prise d’otage dont a été théâtre la prison située aux portes d’Alençon. Si les deux surveillants, retenus durant quatre heures ce mardi 5 octobre par un forcené armé d’un couteau de fortune, ont finalement recouvré leur liberté sans graves conséquences, rien ne dit, pour le syndicaliste, que le scénario ne se reproduira pas : "On a, à Condé-sur-Sarthe, des pensionnaires au parcours difficile, condamnés à de lourdes peines, qui ont de nombreuses agressions à leur actif et il faut donc avoir une gestion de ces détenus qui soit en adéquation avec leur dangerosité".
Des détenus qui demandent à rester
Au-delà de l’homme qui en est à la tête, Emmanuel Baudin entend aussi pointer une "dérive", à ses yeux, dans le fonctionnement du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe : "Cette prison a été conçue pour que les détenus soient recadrés pendant un laps de temps limité, mais malheureusement ce n’est pas ce qu’on en fait aujourd’hui... On a au contraire des gens qui demandent à rester incarcérés ici, parce qu’ils ont droit à plus de parloirs familiaux, plus de possibilités d’unité de vie familiale, plus de sport et autres... Il arrive un moment où il faut revenir aux fondamentaux et revoir la gestion de cet établissement, comme on le demande depuis longtemps !" ajoute celui qui y a lui-même exercé comme surveillant durant quelques années.
La mise au point du directeur
"Vous avez, ici la sécurité est déjà imposante" se défend Yves Bidet, le patron du centre pénitentiaire condéen qui a pris ses fonctions en avril 2020 : "Le détenu impliqué dans la prise d'otage n'avait pas laissé entrevoir qu'il pourrait passer à l'acte. On vit avec ce genre de risques. Je ne dis pas qu'ils ne peuvent pas être anticipés, on en fait d'ailleurs beaucoup en la matière, par du renseignement, par de l'observation... Les détenus sont par ailleurs pris en charge dès qu'ils sortent de leurs cellules, ils sont accompagnés par des personnels, ils ne vont pas n'importe où, ils ont des rendez-vous... Maintenant, c'est vrai, ce sont des situations qui arrivent en maison centrale" argumente-t-il, un brin fataliste, en promettant "d'accompagner les agents qui ont vécu directement ou été témoins de ces événements".