Covid-19 : situation tendue à l'hôpital de Rouen

Crédit : Adobe Stock

Publié : 21 octobre 2020 à 9h46 par Clément Rohée

La circulation du Covid-19 s'accélère en Normandie. Alors que le CHU de Rouen comptait en moyenne trois patients Covid cet été, aujourd'hui ils sont une centaine. Etat des lieux avec Bertrand Dureuil, chef du service réanimation-anesthésie au sein de l'établissement.

Bertrand Dureuil, en tant que chef du service réanimation-anesthésie, pouvez-vous nous résumer la situation à l'hôpital de Rouen ?


On est dans une situation à la fois d’incertitude et de montée en charge. Nous avons d'une part en réanimation des patients que nous prenons en charge habituellement et d'autre part, s'y ajoutent les malades du Covid. Donc ça crée un afflux de patients sur nos lits de réa. On n'a plus beaucoup de marge de manœuvre. On est dans une dynamique d’ouverture de lits de réanimation éphémères de manière à anticiper la montée en charge de l’épidémie dont on pense, d’après un certain nombre d’études, qu’elle est loin d’être à son maximum. Il faut qu’on se prépare à accueillir ces futurs patients.


La différence avec la première vague, c’est le confinement. Là, l’enjeu est de maintenir les autres activités de l’hôpital, c'est bien ça ?


C’est un enjeu que l’on ne partageait pas lors de la première vague. Il n’y avait plus d’activité chirurgicale en dehors des urgences, les gens étaient confinés donc il n’y avait plus d’accidents de la route, donc c’était assez facile à gérer. Là, les deux flux se conjuguent et ça rend la situation bien plus complexe. Et il y a un enjeu à prendre en charge au maximum les patients non Covid car on a observé des retards liés à la déprogrammation du printemps. Avec, malheureusement, des impacts sur l’évolution d’un certain nombre de pathologies.


Avez-vous assez de personnel pour faire face à cette deuxième vague forte que vous craignez ?


C’est sûrement l’élément de fragilité du système de santé. Pour la réanimation, on a besoin d’avoir des personnels qui ont des compétences. Ça nécessite un apprentissage de plusieurs semaines : il y a beaucoup d’appareils, beaucoup de technique à assimiler pour être à l’aise. C’est clairement une difficulté. L’autre point, c’est qu’il y a une pénurie d’infirmiers. Les personnels sont par moment désabusés et trouvent que le rythme est difficile à tenir. Je ne peux pas leur donner tort.


L'hôpital de Rouen fait partie des établissements qui expérimenteront le futur vaccin contre le Covid-19, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?


Le CHU de Rouen s’est proposé pour ces tests-là. On pense que les candidatures vont être ouvertes dans les prochaines semaines ou mois. Plusieurs vaccins seront testés au niveau national. Ils seront peut-être réservés à un certain type de patients, mais pour le moment nous n’avons pas de précisions là-dessus.