Electro-hypersensible, il vit reclus en Mayenne
Crédit : Crédit photo : Alexandre Martinat
Publié : 19 mars 2018 à 14h06 par Corentin Allain
Il ne supporte pas les ondes, quelles qu'elles soient. Yves Brillet, 70 ans, n'utilise donc jamais de téléphone portable, ne s'expose pas au Wi-Fi, fuit la proximité des fils électriques, des réfrigérateurs ou des micros. Cet "électro-hypersensible" vit dans une maison en pleine campagne à quelques kilomètres du bourg de Craon depuis le déclenchement des symptômes.
Vivre dans une maison en pleine campagne, sans téléphone ni internet, parfois même sans électricité... Voilà ce à quoi doit s'astreindre un électro-hypersensible comme Yves Brillet, 70 ans, qui exerce la fonction de prêtre, à Craon. Il y a quelques mois, il a dû changer profondément son mode de vie et quitter la région de Troyes pour s’installer dans le sud Mayenne, chez son frère qui possède un logement qui lui convient.
Une sensation de brûlure dans la bouche
Quand il est en présence d’ondes, ou même d’un simple fil électrique, les effets sont immédiats sur Yves Brillet : "S'il y a un portable à proximité, je le sens tout de suite. Ca provoque des sensations de brûlure du palais et de la langue, une forte pression, plus ou moins intense selon l'importance des ondes. Mais aussi, j’ai le dos et le cou meurtris, comme si j’avais été battu, le tout accompagné d’une forte fatigue" détaille-t-il.
Des vêtements et un lit spéciaux
Il est parfois difficile pour lui de garder le moral, d’autant plus que c’est un mal qui ne se soigne pas : "Le premier objectif, c’est de se tenir loin de toutes les sources d’ondes. Il faut faire une « mise à la terre » en prenant des douches. Je possède également une casquette et un foulard spéciaux avec un fil de cuivre. J’ai aussi installé une cage de faraday au-dessus de mon lit, une sorte de moustiquaire connectée au sol. Il y a aussi des aliments à proscrire, comme tout ce qui est à base de lactose, de gluten, qui favorisent le ressenti des ondes" explique-t-il.
Faire trois kilomètres en voiture, un effort "très pénible"
Yves Brillet est aussi chimico-sensible : il ne supporte pas non plus les émanations de produits chimiques, les liquides-vaisselle, la fumée de bois et les gaz. Bien souvent, les deux intolérances vont ensemble selon lui. Pourtant, tous les matins il va célébrer une messe dans un monastère. "Mais la voiture, c’est devenu très pénible. Les trois petits kilomètres qui me séparent de Craon me sont difficiles. Et une fois sur place, il faut que tous les éclairages et micros soient éteints" poursuit-il.
Correspondre pour tenir le coup
Pour s’occuper, le religieux passe une bonne partie de ses journées à correspondre par courrier avec d’autres électro-sensibles : "Ce lien avec les autres, c’est très important. On échange notre vécu, et on se donne des astuces" dit Yves Brillet. "Une personne m’a par exemple fait remarquer que mes lunettes métalliques faisaient antenne. Tout comme ma montre, j’ai dû passer au tout plastique". Il reçoit aussi un soutien moral : "Habituellement, c’est l’incompréhension. On se dit que c’est psychologique, vu que les ondes on ne les sent pas. Pourtant, nous on les ressent vraiment !". Alors face à cette souffrance, il lance un message de prudence : "Soyons tous vigilants sur notre exposition aux ondes, particulièrement avec les enfants !".