François Hollande : une déception à la hauteur de l’espoir ?

"Je ne me place pas dans une autre position que celle de décrire ce que j’ai fait" prévient François Hollande, avant de commencer à répondre aux questions du directeur de la fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. Néanmoins, il y a encore des choses qu’un ancien président peut dire, et l’ex chef de l’Etat ne s’en est pas privé dans ses deux livres parus depuis son départ de l’Elysée en 2017. Le personnage reste identique à lui-même, débonnaire et aux propos tantôt graves, tantôt teintés d’humour, mais en tout cas épris d’une liberté de parole sûrement retrouvée, allant même jusqu'à reconnaître certaines erreurs.

Divisions mortifères

"Mes 52% au second tour n’étaient pas tous des électeurs qui avaient voté pour moi, mais aussi des gens qui avaient voté contre mon prédécesseur" rappelle-t-il, mais en s’arrogeant les 28% du premier tour. "Il est donc faux de croire que nous étions majoritaires", d’où l’intérêt de créer une coalition transcendant le PS, certes au prix de compromis. Mais la France n’est pas l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne. "Ça m’a coûté cher" avoue François Hollande, qui a vu grossir les rangs des frondeurs à l’Assemblée, alors que des textes difficiles étaient en débat (lois de sécurité liées aux attentats, loi Travail, loi Macron sur le travail le dimanche...).

Retour à la case primaire...

Tout cela allait conduire François Hollande à jeter l’éponge, et à renoncer à se présenter à sa propre succession. Sur ce qui avait été un coup de tonnerre en décembre 2016, l’ancien président s’est expliqué. "Jean-Marc Cambadélis, premier secrétaire du PS, a attiré mon attention sur les statuts du parti qui prévoient qu’un président en exercice devait repasser par les primaires". Autrement dit, Le chef de l’Etat se serait retrouvé face à de "soi-disant amis qui auraient démoli mon quinquennat ! Après cela, en cas de défaite, comment finir le mandat ?".

Une discussion presque sur le ton de la confidence pour François Hollande à Blois © Nicolas Terrien

Macron, la trahison ?

"Si vous pouviez revenir en arrière, reprendriez-vous Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie et des Finances ?" interroge une personne du public. S’il y a une leçon que l’histoire nous enseigne, c’est qu’elle ne se refait pas, mais l’ancien président se confie. "S’il y a une chose que je n’avais pas imaginé, c’est qu’il utilise sa position au gouvernement pour nourrir une candidature que, certes, j’estimais sans chance d’aboutir". La démarche d’Emmanuel Macron a donc contribué à l’empêchement de François Hollande de se représenter. "Mais au final, ce n’est pas moi qu’il a trahi, ce sont les Français !" estime ce dernier.

Macron, la rupture ?

On le sait, Emmanuel Macron  a été élu par une volonté de rupture très forte, pas seulement liée aux politiques menées, mais aussi aux partis qui les portaient depuis plus de quarante ans en alternance. Sur la position au-delà du clivage gauche-droite, François Hollande cisaille la stratégie "d’un petit parti qui ne gagne aucune élection" avec des députés "qui paraissent avoir été tirés au sort" puis enfin la verticalité d’un système écartant les corps intermédiaires. "Quand on se veut monarque, on prend le risque de se faire couper la tête à la fin" prévient celui qui l’assure : "Je ne suis pas accroché au pouvoir, mais je resterai engagé pendant tout le reste de ma vie !".