#labioapoil : pour la valorisation de la bio dans la PAC
David Peschard parmi ses colzas bio... et rhabillé pour l'occasion !
Crédit : Nicolas Terrien
Publié : 2 juin 2021 à 11h49 par Nicolas Terrien
La filière bio française dénonce une baisse drastique et dissuasive des aides, alignées sur les pratiques conventionnelles. Des agriculteurs du Centre-Val-de-Loire manifestent à Paris ce mercredi 2 juin.
"Après ce mois de mai froid, nous avons un bon mois de retard sur les semis de printemps" explique David Peschard en se préparant à semer des haricots et du chanvre sur ses parcelles de la commune de Séris. Autant dire qu’il se serait bien dispensé de se rendre à Paris ce mercredi 2 juin pour aller manifester au côté de nombreux producteurs bio venus de toute la France. "Nous dénonçons la PAC 2023 et la décision du ministère de l’Agriculture de niveler les aides vers le bas" poursuit le céréalier qui exploite 215 hectares en petite Beauce. Concrètement, ledit ministère envisage d’aligner les aides au bio sur celles, beaucoup moins importantes, attribuées à la norme Haute Valeur Environnementale (HVE). Dans un communiqué de presse, Bio Centre précise également que "l’arbitrage de 70 euros n’est pas remis en question, ce qui signifie 66% d’aides en moins pour les bio, avec une baisse moyenne de 132 euros par hectare et par an".
Une décision à contrecourant ?
A ce jour, 4% de la surface agricole utile (SAU) en Centre-Val-de-Loire est en bio, avec des croissances annuelles allant de 10 à 20% selon les départements. "Il existe un réel risque de casse de cette dynamique" prévient David Peschard, alors que certains exploitants convertis de longue date songent... à revenir au conventionnel ! Une évidente question de rentabilité qui se heurte à une philosophie de production : un dilemme que cette PAC 2023 pourrait rendre criant. Autre risque relevé par le céréalier beauceron : "Il y aura encore davantage d’importation de produits bio afin de répondre aux besoins". En attendant, David Peschard ne compte pas faire machine arrière, alors que son exploitation est en 100% bio depuis dix ans.
La mouture de la nouvelle PAC inquiète les agriculteurs bio © Nicolas Terrien
A poil sur les réseaux et mobilisés à Paris
Afin d’expliquer ces enjeux d’agriculteurs, entre 150 et 200 producteurs bio de toute la France ont décidé de créer le buzz... en posant nus dans leurs champs sous les hashtags #labioapoil et #labiopourtous. David Peschard lui-même s’est exposé en tenue d’Adam au milieu de ses colzas. "Nous avons eu de très bons retours de la part des citoyens" assure-t-il. Plus classique, une manifestation est organisée ce mercredi 2 juin sur l’esplanade des Invalides à Paris, non loin du ministère de l’Agriculture. Près de 400 agriculteurs et producteurs bio du Centre-Val-de-Loire répondent à l’appel lancé par la Fédération nationale d’agriculture biologique. Une délégation devrait être reçue.