Le cornichon nouvel ambassadeur du "made in France" ?
Publié : 21 juillet 2017 à 9h57 par Nicolas Terrien
C'est l'objectif affiché par le groupe Reitzel : relancer une filière cornichon dans la Sarthe et en Loir-et-Cher pour contrecarrer l'importation indienne. Une volonté semée d'embûches pour la PME, qui cherche à séduire les producteurs potentiels.
"Le cornichon du Loir-et-Cher vient... d’Inde" titrait "Le Parisien" dans son édition du 13 juillet. Sur la base d’une étude de l’ONG "Foodwatch", l’article épingle un bocal de cornichons commercialisé par Reitzel sous la marque "Charles-Christ" et "conditionnés en Loir-et-Cher" mais provenant d’Inde, une mention figurant bien sur le pot, à l’arrière et en tous petits caractères. Un coup dur pour la PME qui s’évertue à relancer la filière cornichon à grande échelle depuis l’an dernier : "Cette gamme est progressivement arrêtée et n’est plus fabriquée. Cependant, en précisant que le conditionnement se fait en France, la marque mettait en avant la valeur ajoutée de son usine locale, ainsi que les emplois indirects créés en achetant ici la totalité de ses emballages" précise Reitzel.
Cinq producteurs engagés
Exit "Charles-Christ", une nouvelle marque débarque : "Le Jardin d’Orante", avec dans sa gamme deux nouveaux conditionnements 100% tricolores. Derrière elle, 120 personnes embauchées dans ses usines sarthoise de Connerré et de Bourré en Loir-et-Cher. Et le soutien à la diversification de cinq agriculteurs, dont le GAEC de la Dalbeine à Veuves : "A nous la partie production, à eux la commercialisation" explique l’exploitant, Gilles Leroux. "Nous sommes en période d’essai sur un hectare, mais il n’y aura pas de gain économique pour cette année, c’est à peu près sûr" ajoute-t-il.
Devenir "le roi des cornichons"
Devenir "le roi des cornichons" : la formule est de Martial Chauvière, le directeur des opérations pour les usines Reitzel de Connerré et de Bourré. Mais "c’est compliqué de relancer une filière qui a quitté la France et ce n’est pas gagné" précise-t-il. Toutefois, vingt ans après, la donne a changé, et la société entrevoit des perspectives de développement en surfant sur le "made in France". "Le cornichon français, c’est 200 tonnes par an sur les 12 000 traités dans notre usine de la Sarthe". Une production encore confidentielle que Reitzel espère bien développer en convertissant de nouveaux producteurs. Mais pour Philippe Noyau, le président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher, "ce projet ne sera durable que si le producteur s’y retrouve en termes de prix".