Les agriculteurs normands face à la sécheresse

Les épisodes de sécheresse se répètent ces dernières années en Normandie

21 août 2020 à 15h47 par Julien Dubois

Des précipitations en berne, des sols déshydratés. La sécheresse impacte fortement le secteur agricole, confronté cette année à de mauvaises récoltes. Plus de 50% de pertes pour le blé et le colza ont été enregistrés dans certains secteurs de l'Orne. Ce qui renvoie à la question de l'adaptation des pratiques agricoles dans les années futures.

2020, une année noire pour l’agriculture. Les différents semis, plantés au cours d’un automne particulièrement pluvieux, ont souffert de la sécheresse qui sévit depuis le printemps dernier. Et notamment dans l’Orne, où on estime de "10 à 20%" les pertes sur les premières récoltes, précise Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61. Ces chiffres s’avèrent encore plus inquiétants sur l’est du département où les pertes atteignent "plus de 50%" sur les productions de blé et d’orge, tandis que la sécheresse impacte également les cultures fourragères, destinées à constituer des stocks pour les exploitants en vue de la saison hivernale.


Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61


Intervention du ministère de l’agriculture


Ces circonstances exceptionnelles pénalisent l’alimentation des troupeaux, avec des surfaces à pâturer qui se réduisent comme peau de chagrin. Les éleveurs se retrouvent parfois obligés de puiser dans leurs réserves, déjà fragilisées par les précédents épisodes de sécheresse. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture a décidé de prendre quelques mesures de soutien à la profession, dont l’autorisation d’utiliser les jachères. Ces surfaces d'intérêt écologique, situées par exemple "en bord de rivière, sont souvent semées en herbe ou en en plantes fourragères’’, indique Anne-Marie Denis. Et en temps normal, les produits qui en sont issus "doivent être broyés au cours de l’été et non utilisés" ajoute-t-elle. Dans la région, cette  disposition gouvernementale est activée dans le Calvados, la Seine-Maritime, l'Orne et l'Eure. Ces deux derniers départements sont également concernés par une dérogation pour le décalage au 1er septembre des cultures de dérobées, ces productions intermédiaires plantées entre deux cultures principales. Anne-Marie Denis s’interroge toutefois sur l’intérêt de cette annonce pour "les agriculteurs qui n’ont pas eu un millimètre d’eau depuis fin mars". Elle demande donc aux autorités "une avancée complémentaire" sur ce sujet.


Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61


S’adapter face aux sécheresses successives


Sur le plus long terme, le monde agricole, dans son ensemble, doit s’adapter face aux effets du changement climatique. D’une part dans les cultures, avec d’ores et déjà "une réadaptation sur les plantes que l’on sème, sur le mélange des plantes que l’on met sur nos cultures et aussi dans nos prairies. Il y a aussi une réadaptation dans les élevages, avec une réflexion sur d’autres modes de paillages, tels que les copeaux de bois, ou encore le miscanthus" indique Anne-Marie Denis, qui constate aussi que les épisodes de sécheresse "permettent de se poser des questions et d’être plus observateurs sur un certain nombre de choses".


Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61