Normandie : L’ACRIP encourage le vivre-ensemble
Abdelkader Bekheda et Yves Garaudeaux, membres de l'ACRIP
Crédit : Julien Dubois
26 octobre 2020 à 15h49 par Julien Dubois
La tolérance et le vivre-ensemble ont été malmenées après la mort de Samuel Paty, ce professeur assassiné le 16 octobre dans les Yvelines pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. Ces notions sont pourtant au c-ur des actions de l'ACRIP, l'Association culturelle et religieuse intercommunautaire pour la paix, basée à Rouen.
Le drame de Conflans-Sainte-Honorine -lorsque Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie en collège a été assassiné et décapité suite à un cours durant lequel il avait amené ses élèves à travailler au sujet des caricatures de Mahomet- a trouvé un écho sur l’ensemble du territoire. En Normandie, où le souvenir de l’assassinat du père Hamel en juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray reste vif, ce nouvel attentat encourage toujours plus certaines associations à œuvrer en faveur du dialogue interreligieux. C’est notamment le cas, à Rouen, de l’ACRIP, l’Association culturelle et religieuse intercommunautaire pour la paix.
"La recherche du vivre-ensemble n’est pas facultative"
Active depuis plus d’une trentaine d’années, l'ACRIP encourage le dialogue entre les croyants des différentes confessions, et prône la tolérance. "La recherche du vivre-ensemble n’est pas facultative. Si on respecte ce qui est dit dans le Coran et dans la Bible, il est vraiment question du vivre ensemble […] Notre association est une espérance. Elle fait partie des associations indispensables pour la suite. Si on ne développe pas ce type de relations entre nous, on est dans une impasse" insiste Yves Garaudeaux, président de l’antenne de Rouen, pour qui "le mélange du politique et du religieux" ne fait pas bon ménage.
Un déferlement de haine sur les réseaux sociaux
Abdelkader Bekhedda, lui aussi membre de l’ACRIP, constate depuis plusieurs années un véritable déferlement de haine sur les réseaux sociaux : "Chacun part au quart de tour... Depuis l’apparition de ces technologies, et ça ne concerne pas que les musulmans, même les phénomènes sociaux, dès qu’il y a une info, un drame, aussitôt ça va résonner en quelques minutes à 3 ou 4 000 kilomètres ! Ce sont des réactions qui n’existaient pas il y a 15 ou 20 ans" affirme-t-il, persuadé qu'on arrive "dans une nouvelle façon de communique et d’échanger" qui incite à plus de vigilance. C’est ainsi que l’association doit continuellement répéter ses actions, "pour être entendue par toutes les générations, c'est un travail sans fin". Malgré cela, Abdelkader Bekheda garde espoir. Il reste persuadé de vivre "une époque formidable" dans laquelle "il y a tellement de prétextes pour aller vers l’autre, à mettre en avant".