Un congrès national, au Mans, pour parler vélo
A ce jour, le vélo ne représente que 3% en "part modale" pour les déplacements en France
Crédit : Jonathan Lateur
Publié : 10 décembre 2018 à 15h19 par Emilien Borderie
Souvent cité en exemple ne serait-ce que pour ses bienfaits sur la santé, le vélo apparaît de plus en plus comme une réelle solution d'avenir, sur le plan économique et social. Organisé au Mans en mai prochain, le congrès national de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette tentera de convaincre les collectivités qui ne le seraient pas encore, de l'intérêt d'investir pour faciliter et sécuriser les déplacements en deux-roues.
Si la France l’a pourtant pratiquement inventé dans les années 1860, c’est peu dire qu’elle n’en fait plus grand cas : le vélo ne représente aujourd’hui que 3% des déplacements du quotidien et moins de 20% de la voirie des villes de plus de 100 000 habitants est adapté à l’usage -en sécurité- du vélo. A l’heure où la pollution atmosphérique tue près de 50 000 personnes par an, où nos centres-villes sont gangrénés par le tout-voiture et alors que les coûts de l’énergie fossile ne semblent vouer qu’à augmenter, la Fédération française des Usagers de la Bicyclette va réessayer, lors de son grand congrès annuel organisé pour la première fois au Mans du 10 au 12 mai prochain, de rappeler aux décideurs locaux qu’ils ont un rôle déterminant à jouer dans le (re)développement de la pratique du vélo. Pas tant pour le loisir qu’aussi et surtout pour les déplacements domicile-travail et… domicile-école.
Les villes de l'ouest, peu cyclables...
Pour sa dix-neuvième édition, le congrès de la FUB se tiendra donc dans la capitale sarthoise, ville classée "moyennement favorable" à la pratique du vélo dans le dernier grand baromètre de l’association. Mais Le Mans n’est pas le seul mauvais élève : ses voisines que sont Angers, Laval, Tours, Chartres, Blois et d’autres sont tout aussi mal classées ? "Y’a du boulot !" comme on dirait au comptoir… Mais les militants de la pédale y croient : "élus, techniciens, experts et chercheurs, dirigeants politiques et associatifs seront invités à croiser regard et expérience avec une perspective commune : co-construire un véritable système vélo et ainsi répondre collectivement à l’attente des citoyens qui cherchent une alternative simple et agréable à la voiture individuelle. On abordera, entre autres, les sources de financement, la lutte contre le vol de vélos, les problématiques d’intermodalité et la mise en place d’une culture vélo pour toutes et tous" explique la FUB.
S'inspirer des expériences réussies
Le congrès du Mans, copiloté par l’association locale "Cyclamaine", sera l’occasion de mettre en lumière de nombreuses initiatives "inspirantes et reproductibles" dans le but d’aider les collectivités et les associations à se saisir du récent "Plan Vélo" validé et financé par le gouvernement. En marge des discussions, un espace d’exposition nocturne permettra de rencontrer et d’échanger avec des professionnels, le mercredi 10 mai jusqu’à 21h. "Des évènements festifs ponctueront le congrès, notamment des spectacles théâtraux et musicaux" précise la FUB, qui profitera de la présence de ses membres en Sarthe pour y tenir son Assemblée générale : "L’occasion de participer à la définition des objectifs stratégiques de la fédération" précise-t-on avec, en filigrane, la volonté de séduire, qui sait, quelques nouveaux adhérents convaincus d’un avenir non plus sur quatre, mais plutôt deux-roues et si possible sans moteur.
Le vélo comme argument économique
S'il n'est objectivement pas sérieux d'essayer de convaincre les ruraux de se passer de la voiture pour effectuer leur aller-retour quotidien entre la maison et le bureau -surtout en l'absence de gare SNCF ou de ligne régulière de transport en commun routier-, il en va très différemment en ville : plusieurs études statistiques montrent qu'un citadin sur deux pourrait sans souci -hormis les jours de pluie, admettons...- se passer de son encombrante carrosserie et du moteur qui va avec pour aller travailler. Par ailleurs, et puisqu'il est largement question d'économie, il a été prouvé qu'un automobiliste dépense en moyenne deux fois moins d'argent qu'un cycliste chez les commerçants de centre-ville... "Le vélo est un enjeu majeur pour répondre aux crises sanitaires -pollution, bruit, sédentarité- et sociales -mobilité et emploi, pouvoir d’achat, attractivité des territoires-. La politique du vélo est une responsabilité partagée entre l’État, la société civile et les collectivités locales, chacun doit donc s'emparer du sujet !" conclut la FUB.