Normandie : on a construit trois fois la ville du Havre en dix ans
Publié : 30 mai 2023 à 16h31 par Emilien Borderie
En Normandie, la décennie 2009-2019 a été marqué par un appétit certain s'agissant de la consommation d'espace pour des projets liés à l'habitat.
En Normandie, 15 000 hectares d'espace ont été "consommés" par des projets liés à l'habitat entre 2009 et 2019, soit un hectare toutes les six heures, ou encore l'équivalent de trois fois la superficie de la ville du Havre en une décennie ! Les chiffres publiés ce mardi 23 mai par l'Institut national de la statistique et des études économique montrent par ailleurs que cette occupation du territoire -qu'il soit à l'origine naturel, forestier ou encore agricole- pour des logements a proportionnellement davantage augmenté en Normandie qu'au niveau national : +10,1% sur le sol normand, contre +7,4% en moyenne en France métropolitaine, "plaçant la Normandie au deuxième rang des régions les plus consommatrices" conclue l'INSEE dans son enquête.
Calvados et Seine-Maritime principalement concernés
La hausse de la consommation d'espace a concerné, entre 2009 et 2019 toujours, l’ensemble des départements normands mais particulièrement les plus peuplés : le Calvados affiche latroisième progression la plus élevée parmi les départements de métropole (+12,6%) et la Seine-Maritime se classe huitième (+11,2 %), quand l'Eure et la Manche n'arrivent respectivement qu'à 9,5% et 9,4% puis l'Orne à 6,8%. Plus en détail, on constate que l'utilisation des terres a été marquée au cours de la période aux abords des grandes agglomérations -Caen, Rouen, Le Havre- mais plus encore dans certaines intercommunalités : Caux-Austreberthe, Plateau de Caux-Doudeville-Yerville ou encore Terroir de Caux.
Plus d'espace occupé, mais guère plus d'habitants
Plus d'espace occupé par des logements signifie-t-il plus d'habitants qui s'installent dans la région ? En Normandie, malheureusement non : "Six communes normandes sur dix connaissent de faibles évolutions démographiques, avec moins de vingt ménages supplémentaires au cours de la période, mais plus de la moitié de ces communes se retrouvent avec une consommation d'espace relativement importante" observe l'INSEE. Ces communes, principalement situées en dehors des espaces urbains, connaissent une hausse de la consommation d'espace qui relève essentiellement de l'étalement urbain, de la baisse de la taille des ménages -couples qui se séparent par exemple- ou encore de la hausse du volume de logements vides.
Dans l'Orne, la population baisse mais on construit
La situation de l'Orne, département où la population décroît, est remarquable -dans le mauvais sens du terme- : moins de monde, plus de logements, plus de surfaces "stérilisées". Face à des coûts élevés dans l'ancien, les ménages choisissent de faire construire du neuf plutôt que de se lancer dans de la restauration. Pour l'INSEE, globalement, "avec près de 1 700 mètres carrés consommés en moyenne pour chaque ménage supplémentaire, la consommation d'espace pour l'habitat en Normandie au cours de la décennie 2009-2019 apparaît comme la moins efficiente des régions de France métropolitaine". Arrivent derrière, au classement des régions qui optimisent le moins, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val-de-Loire qui présentent un ratio élevé : respectivement 1 400 et 1 600 mètres carrés par ménage supplémentaire.