Nuit d'émeutes à Alençon : les précisions du procureur
2 novembre 2021 à 11h44 par Emilien Borderie
C’est bel et bien en représailles à l’interpellation de deux individus surpris en flagrant délit de transaction de produits stupéfiants que le quartier de Perseigne aurait été théâtre de violences urbaines dans la nuit de mardi à mercredi derniers. François Coudert, procureur de la République d’Alençon, est revenu en détails sur les faits lors d’une conférence de presse ce vendredi 29 octobre.
Treize véhicules incendiés, un pare-brise brisé, des tirs de mortiers en direction des pompiers, gendarmes et policiers... Entre 22h30 et 3h, dans la nuit de mardi à mercredi derniers, le quartier de Perseigne a vécu un épisode de violences urbaines inédit. En cause ? "Plusieurs personnes au visage masqué, une trentaine au total" a indiqué François Coudert lors d’un point-presse ce vendredi 29 octobre : s’il n’y a pas eu de blessé au final, le procureur de la République d’Alençon précise toutefois que "les fauteurs de troubles doivent savoir qu’ils s’exposent à de lourdes sanctions pénales" pour s’être permis de "jouer avec la vie ou avec l’intégrité physique des policiers ou des pompiers en leur tirant dessus avec des feux d’artifice de type mortier, pas plus qu’ils ne peuvent s’attaquer aux biens des concitoyens". Pour l’heure, aucune arrestation n’a encore découlé de ces émeutes, le travail d’enquête se poursuit, et passera notamment par "l’exploitation des vidéo-surveillances et l’analyse de différents prélèvements réalisés par la police technique et scientifique" fait savoir le parquet.
Un sac de drogue à ses pieds, il nie
Facteur déclenchant de cette nuit pour le moins agitée, probablement l’interpellation le matin-même de deux personnes, dans le quartier, "en flagrant délit alors qu’elles étaient en train de procéder à une transaction de produits stupéfiants" explique François Coudert, en précisant que les investigations viseront "à établir de façon formelle un lien avec les troubles à l’ordre public constatés le soir, lien que l’on peut envisager de faire en raison de la quasi-simultanéité des évènements". Les intéressés sont une femme, majeure, déjà référencée par les services de justice, qui a reconnu qu’elle était en train "d’acheter du crack auprès de son revendeur" et un jeune homme, trouvé assis sur une chaise avec un sac de sport ouvert dans lequel il a été découvert 500 grammes de résine de cannabis, 92 grammes d’herbe, 165 grammes d’héroïne, 97 grammes de cocaïne, 22 grammes de crack ainsi qu’une balance électronique et... un pistolet automatique sans munition : "Ce mineur, interpellé alors qu’il tenait entre ses mains 30 euros remis par la consommatrice, a nié pour autant toute participation aux faits".
Les investigations se poursuivent
Les seules poursuites engagées à ce stade concernent donc les deux personnes interpellées dans la matinée du 26 octobre : présenté au parquet, le mineur –qui se trouvait en violation d’un contrôle judiciaire précédemment ordonné- a été placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement programmé le 22 novembre devant le tribunal pour enfants -il a en outre l’interdiction de paraître à Alençon pour une durée de six mois et interdiction d'aller et venir sur la voie publique entre 22h et 6h-. La femme majeure a quant à elle été condamnée à deux mois d’emprisonnement "avec sursis probatoire comportant une obligation immédiate de soins". S’agissant des émeutiers, François Coudert assure avoir demandé au directeur départemental de sécurité publique de l’Orne de "tout" mettre en œuvre : "Dans cet esprit, je lui ai indiqué que j’autoriserai la poursuite de cette enquête sous le régime de la flagrance au-delà de la première période de huit jours, ainsi que le permet la loi, si cela s’avérait nécessaire et toutes autorisations de dépenses exceptionnelles sur frais de justice ont été accordées".