Rouen : quatre nouveaux "Stolpersteine", en hommage aux victimes du nazisme
8 avril 2022 à 12h02 par Julien Dubois / crédit photo : Sweet FM
La métropole de Rouen et l’association "Pavés de mémoire" poursuivent leur projet d’installation de "Stolpersteine", pour honorer la mémoire des victimes de la Shoah. Fin mars, quatre nouveaux petits cubes en laiton ont été scellés devant le dernier domicile d’une famille juive. En présence du créateur de cette œuvre mémorielle : l’artiste allemand Gunter Demnig.
Né en 1947 à Berlin, Gunter Demnig sillonne l’Europe depuis une trentaine d’années, afin de poser ses "Stolpersteine". Ces pavés en laiton, scellés dans le sol, honorent la mémoire des victimes du nazisme : "L’idée, ça a été de marquer le nom des personnes déportées, individuellement, sur le lieu de leur dernier domicile. Et c’est une parole de la tradition juive, qui dit qu’une personne n'est oubliée que quand son nom est oublié" souligne l’artiste plasticien allemand, qui a déjà contribué à la pose de plus de 80 000 de ces œuvres, dont 70 à Rouen et 11 à Sotteville-lès-Rouen.
Les quatre derniers pavés, scellés par l’artiste lui-même
Ce lundi 28 mars, quatre nouvelles pierres d’achoppement ont été installées dans le centre-ville rouennais, au 174 rue Eau-de-Robec. Une adresse à laquelle vivaient Perla Kavayero, Merkado Leon et sa femme Mazaltow qui était enceinte de la petite Dora au moment de leur arrestation, durant la rafle nocturne du 15 au 16 janvier 1943. Leur histoire a été rapportée lors d’une cérémonie commémorative, en présence de collégiens et de lycéens de l’agglomération, associés à ce projet mémoriel. "Moi personnellement, je n’imaginais pas qu’il y avait autant de personnes qui avaient été déportées à partir de Rouen. J’ai appris ça en faisant ce travail" confie Inès, élève de 3e au collège Lucie-Aubrac à Isneauville.
Des persécutions au cœur de nos quartiers
Un projet éducatif et citoyen, porté depuis 2020 par l’association "Pavés de Mémoire" qui souhaite ainsi rappeler que la Shoah n’est pas un évènement qui a eu lieu uniquement dans les camps d’Europe de l’est, mais qu’elle a débuté à notre porte : "A Rouen, les rafles étaient nocturnes, de manière à ce qu’il y ait le moins de témoins possibles, mais on savait, le lendemain matin au plus tard, que les gens avaient disparu. Les victimes ont été arrêtées, certes sur ordre des autorités allemandes, mais par la police et la gendarmerie française", rappelle la président de l’association, Corinne Bouillot, qui souhaite désormais poursuivre son action dans d’autres communes de l’agglomération.
Titre :Reportage de Julien Dubois :