Trafic de cocaïne : procès d’ampleur au Mans
21 novembre 2023 à 17h53 par Clément Rohée
Un important procès pour trafic de cocaïne entre la Guyane et la Sarthe s’est ouvert ce lundi 20 novembre au tribunal du Mans. Seize personnes, âgées de 19 à 54 ans, sont appelées à comparaître au fil de sept jours d’audience.
L’enquête a débuté en février 2021 lorsque des policiers angevins remarquent des mouvements financiers suspects entre des comptes en banque en métropole et d’autres en Guyane. Les écoutes téléphoniques confirmeront leurs doutes. Il s’agissait d’un important trafic de cocaïne. La drogue, en provenance du Suriname, passait par la Guyane avant d’être transportée en métropole sous forme d’ovules que des mules ingéraient pour pouvoir passer les contrôles. Une fois à Paris, la cocaïne était distribuée à des revendeurs pour être écoulée, notamment en Sarthe. Deux coups de filet ont eu lieu, en mars 2022 au Mans, dans le quartier des Sablons et deux mois plus tard à Coulaines. Le chef de ce réseau n’a pas pu être interpellé. Malgré son absence au tribunal, il sera tout de même jugé.
"Les mules, victimes d’un système"
"Il s’agit essentiellement de petites mains qui comparaissent dans ce dossier" souligne maître Jonathan Proust, avocat de trois prévenus, qui ont joué des rôles de mules. L’une d’entre elles, un homme de 21 ans, originaire de la Guyane, a effectué plusieurs voyages, dont un où il a pris l’avion avec près de deux kilos de cocaïne dans le corps. Si l’un de ces ovules éclate, c’est la mort quasi assurée. "Les mules sont presque toujours des jeunes au chômage qui touchent parfois le RSA, parfois rien du tout. C’est la débrouille. Des réseaux proposent plusieurs milliers d’euros pour un trajet donc c’est de l’argent facile. On le fait une fois, deux fois, jusqu’au jour où on se fait attraper. C’est terrible pour ces prévenus qui sont aussi victimes des réseaux de trafic de stupéfiants".
"No cocaïne"... Juste de la farine
Au cours des deux premières journées d’audience, les prévenus n'ont pas été loquaces. "Il y a une certaine omerta dans ce dossier. Nous avons des prévenus taiseux, taciturnes. Je ne suis pas certain que le procès apporte toutes les réponses aux questions qu’on attend et qui permettraient d’éclairer le tribunal sur ce trafic d’ampleur" déclare maître Nicolas Bouthière, avocat d'un prévenu qui s'est également prêté au rôle de mule. Difficile de comprendre le fonctionnement du réseau. Quand certains restent silencieux, les autres, pour le moment, nient en bloc. Comme cet homme, surnommé "English Man", qui est soupçonné d’avoir organisé la revente de la cocaïne en Sarthe. A la barre, ce mardi 21 novembre, il affirmait qu’il ne faisait qu’arnaquer les gens en leur vendant de la farine, qu’il n’a rien à voir dans cette histoire. "No cocaïne, never cocaïne" a-t-il crié plusieurs fois. L’audience se poursuit. Une mère de famille, suspectée d’avoir fait travailler ses enfants comme mules doit notamment être entendue.