Blois : le conjoint violent reste en prison
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Modifié : 20 mars 2025 à 7h29 par Nicolas Terrien
Un homme de 67 ans a dû répondre de faits de violences psychiques, physiques et sexuelles sur sa conjointe sur une période allant de 2017 à 2023, notamment sur les communes de Sassay et de Savigny-sur-Braye. Sans convaincre le tribunal de Blois, qui l’a condamné à cinq ans de prison ce mardi 18 mars.
Le septuagénaire tout de noir vêtu se tient droit dans le box, encadré par trois agents de la maison d’arrêt de Blois où il est incarcéré en détention provisoire depuis deux ans. Lorsqu’à l’issue de l’énoncé de la procédure le président Olivier Bachelet lui demande ce qu’il a à dire pour sa défense, d’un ton calme et assuré, il soutient que "tout est complètement faux". Son interpellation remonte au 3 février 2023 à Savigny-sur-Braye, lorsque sa femme en pleurs appelle la gendarmerie depuis sa voiture garée devant leur domicile, pendant que l’homme s’acharne sur le pare-brise avec une binette. Le refus d’un rapport sexuel serait à l’origine de la colère de l’individu, alcoolisé (1,19 mg/L de sang) au moment de son arrestation. L’instruction a aussi révélé des violences antérieures depuis 2009, dont un dépôt de plainte déjà en 2018 à Bergerac pour violences conjugales qui a abouti sur un stage de sensibilisation à la question... jamais réalisé.
"Je suis un buveur, pas un violeur"
Interrogé par le président, l’homme de 67 ans tend parfois l’oreille. Sur les violences ? "Je n’ai jamais touché ma femme, ni personne d’autre. Aucune trace n’a été relevée. Tout est faux !", en ajoutant : "Il ne faut pas confondre buveur et violeur". Sur les faits survenus ce 3 février 2023 ? "J’ai été dans le garage, j’ai pris la binette, j’ai cassé le parebrise, et c’est tout !". Sur les agressions sexuelles à l'encontre de sa conjointe ? "Elle ne m’a jamais refusé", ajoutant, au fil des confidences : "Je n’ai pas d’érection, comment aurais-je pu la violer ?", alors que les auditions évoquent des pénétrations digitales au niveau de l’anus. L’homme fait remonter sa dernière relation sexuelle avec son épouse le 31 décembre 2022. Pourtant, dans la procédure résumée par le président Bachelet, l’épouse déclarait "se sentir obligée et contrainte de subir des relations sexuelles", et si elle cédait, "c’était pour avoir la paix".
Cinq ans de prison dont deux avec sursis
"Heureusement que madame n’est pas là pour entendre ça" : assurant la défense des intérêts de l’épouse, maître Sandrine Audeval s’insurge face à l’attitude du conjoint minimisant ou ignorant les faits rapportés. "Vous l’avez humiliée. Elle ne vous a jamais dit non ? Elle avait peur". La bâtonnière poursuit : "Le pire de l’humiliation, c’est lorsqu’elle dit « qu’il me rappelle que mon père m’a violé pendant mon adolescence »". Et de souligner que si l’affaire n’a pas été jugée devant les assises, c’est parce que l’épouse a accepté sa correctionnalisation, ce qui signifie la mise à l’écart de la notion de viol au profit de celui d’agression sexuelle. La défense assurée par maître Aurore Douady a surtout relevé les manques du dossier pour qualifier les faits d’insultes et d’agressions sexuelles. Si le ministère public s’est prononcé en faveur d’une peine de six ans de prison avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans, après délibération, le tribunal a condamné le conjoint violent à une peine de cinq ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, assortie d’une obligation de soins de deux ans. L’homme a été reconduit en prison à l’issue de l’audience.