Calvados : quatre mois d'attente avant de pouvoir passer le permis

Léa Vaultier vient d'avoir son permis

Publié : 29 juin 2022 à 15h53 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

Il est de plus en plus compliqué de pouvoir passer le permis de conduire dans le Calvados. Les délais d'attente s'allongent en raison du manque d'examinateurs. Il faut compter quatre mois en moyenne. Reportage aux portes de Caen, à Carpiquet.

On a déjà entendu que la patience était une vertu... Mais elle a parfois des limites. Léa Vaultier, 18 ans, qui habite près de Caen, à Eterville, a eu son permis de conduire au mois de juin lors de la deuxième tentative après avoir suivi une formation au centre "C Permis" à Carpiquet. Elle aura dû patienter quatre mois avant de passer l'examen. Premier essai manqué. Le second, environ un mois plus tard, aura été le bon. "J'avais un peu la pression, car je voulais avoir plus d'autonomie, mes parents aussi. Ils étaient obligés jusqu'à maintenant d'assurer le transport, car les horaires de bus vert n'étaient pas toujours compatibles avec ce que je voulais faire". La pression de l'examen, mais aussi et surtout la pression de l'échec. Car il est de plus en plus compliqué de pouvoir passer le permis de conduire. En cause, selon la profession : le manque d'inspecteurs pour l'examen pratique. Un problème national, pas seulement local.

"Une chance d'avoir pu repasser le permis au bout d'un peu plus d'un mois : "

Courrier à la Première ministre

Pour faire bouger les choses, un courrier va être envoyé ces prochains jours à la Première ministre Elisabeth Borne de la part du syndicat "Unidec", qui représente les enseignants de la conduite et de la sécurité routière. Emilie Denis en est la représentante dans le Calvados, elle qui est la gérante du centre de formation auto-école "C Permis" à Carpiquet depuis 2015. "Notre département est depuis peu le premier de France en termes de -plus long- délai d'attente. Quatre mois en moyenne pour un premier passage et en cas d'échec on passe à huit voire dix mois. Léa a eu de la chance, car on a parfois des places supplémentaires, ce que l'on appelle des options, qui tombent. Un élève est prêt, pas l'autre. Dans ce cas, rapidement, une personne peut retenter sa chance, comme Léa. Il y a toujours eu des soucis, ça fait dix ans que ça dure. Ce n'est pas d'aujourd'hui mais la crise sanitaire et des départs d'inspecteurs ont rendu la situation encore plus difficile".
"Une pénurie d'inspecteurs du permis de conduire : "
Emilie Denis gérante de l'entreprise C Permis à Carpiquet

Il faut gérer l'impatience des élèves et de leurs parents 

Une situation qui génère de l'incompréhension chez les élèves et leurs parents. Situation à laquelle il faut faire face. Et ce n'est pas simple, comme le reconnaît Emilie Denis : "C'est difficile à gérer, car ils ont tous de bonnes raisons d'avoir le permis, surtout avant l'été, pour travailler, par exemple. Il y a aussi la rentrée de septembre qui se profile. Certains jeunes auront besoin de se déplacer pour leurs études. Leurs parents ne comprennent pas forcément qu'il faille attendre autant de temps, car ce n'était pas le cas à leur époque". Pour calmer cette impatience, Emilie Denis, comme beaucoup de collègues, a mis en place la conduite supervisée. Une fois que l'élève est prêt, il prend le volant avec un accompagnateur, cela peut être un parent. Il continue donc de conduire, ne perd pas les bons réflexes et cela évite de suivre des heures de conduite tous les quinze jours ou tous les mois en attendant le jour J. Pas négligeable pour le budget. "Dès que l'on a la date de l'examen, l'apprenant revient quinze jours avant au centre de formation pour finaliser la préparation" explique Emilie Denis, obligée de refuser des inscriptions, "car on ne peut pas les assumer. Oui, cela a un impact sur l'entreprise".
"Des solutions pour faire face à la situation ? "