Des moissons 2024 plus que décevantes en Beauce
22 juillet 2024 à 17h10 par Nicolas Terrien
La météo humide de ces dernières semaines entraine une baisse de production généralisée en Centre-Val-de-Loire. Reportage à Saint-Léonard-en-Beauce, à bord de la moissonneuse-batteuse de François Rabier.
"Bien que pas très âgé, je n’ai jamais vu ça !" : certes, à seulement 34 ans, François Rabier n’a peut-être pas encore le recul encyclopédique des anciens, mais depuis sa reprise de l’exploitation familiale de 140 hectares en 2018, il n’a jamais vécu une année aussi humide. Et forcément, cela se ressent dans les rendements : "Sur les blés tendres, c’est moins 20%, avec une production moyenne à 60 quintaux à l’hectare", explique le céréalier beauceron, alors que les standards de ses terres s’affichent plutôt à 75. Et la baisse impacte toutes ses productions, comme les orges d’hiver récoltés fin juin, ou les colzas début juillet. A ce jour, François a terminé de moissonner ses blés tendres, et il s’apprête à ramasser les blés durs d’ici fin juillet ou début août sans guère plus d’illusion sur les rendements.
Du blé pour les burgers !
"Regardez tous ce ray-grass... Il y en a partout" : aux commandes de sa moissonneuse-batteuse, le céréalier peste contre cette herbe adventice qui concurrence les épis de blé. "Elle aussi impacte le rendement" comme en témoigne l’écran de bord qui estime la récolte en temps réel. On l’aura donc compris, la quantité n’est pas là... La qualité sera-t-elle donc le lot de consolation ? "Pour l’instant, ça va" estime François : "Nous avons une masse volumique dans la norme pour l’export". Sachant que le taux de protéine est un autre indicateur qualitatif, tout comme le taux d’humidité conditionnant la conservation des céréales : "De toute façon, ce blé ne part pas à l’export. Il sera transformé en farine pour la meunerie, certainement pour en faire des pains à burgers" croit savoir le céréalier.
Agriculteur, pas trader
François Rabier s’affiche donc tranquille en termes de qualité. Tout comme sur les débouchés commerciaux. "La vente n’est pas un souci, il suffit juste de savoir quel est le bon moment pour vendre" explique-t-il. En effet, le blé est un marché mondial qui fluctue en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ! Evidemment, des sites internet spécialisés existent, "mais je ne suis ni un boursier, ni un trader" tacle François en manœuvrant sa moissonneuse arrivée en bout de rang. Le reste du temps, l’engin fonctionne en audio guidage par satellite, ce qui laisse du temps à François pour converser. Car il est en effet possible de l’accompagner dans sa machine : pour monter à bord, il suffit de réserver sur le site www.moissonneuse.fr qui recense plus de 140 agriculteurs en grandes cultures partout en France. Et en prenant le temps avec François, ce ne sont pas les sujets de conversation qui manquent !