Inflation sur le lait : "En dessous d'un euro le litre, on ne gagne pas notre vie !"
16 mai 2023 à 13h00 par Jonathan Lateur et Emilien Borderie
Une délégation d'éleveurs laitiers sarthois s'est invitée chez Leclerc au Mans ce lundi 15 mai pour défendre les produits français et dénoncer les récentes déclarations du patron de l'enseigne.
"Il faut acheter français et au juste prix !" : c'est l'appel lancé par les éleveurs laitiers de la Sarthe, qui se sont invités dans les rayons de l'hypermarché Leclerc du quartier des Fontenelles au Mans ce lundi 15 mai. Patrice Riauté, représentant de la section laitière de la FDSEA en Sarthe, a expliqué, au côté d'une dizaine de ses confrères producteurs, que les tarifs actuellement pratiqués et issus de la loi Egalim -qui régit les négociations au sein de la filière-, "permettent enfin de vivre du travail dans les exploitations après des années de perte". D'où son agacement lorsque, sur un plateau télé parisien où on l'interrogeait sur ses solutions face à l'inflation, Michel-Edouard Leclerc a exigé que la règlementation évolue pour lui permettre de se lancer dans un tour d'Europe des fournisseurs afin de trouver des prix plus bas : "C'est aberrant, anti-écologique, anti-souveraineté alimentaire... C'est du dénigrement pur et dur des professionnels français de l'agriculture !".
Se détourner des productions étrangères
"Maintenant que nos coûts de production sont pris en compte, on refuse tout retour en arrière, nous aussi, on veut préserver notre pouvoir d'achat !" assène Patrice Riauté qui fait immédiatement le lien avec l'avenir de son métier : "Derrière, il y a tout un aspect de renouvellement des générations, car comment voulez-vous qu'on attire des jeunes pour nous remplacer dans les fermes si on leur dit déjà que de toute façon, il ne vont pas gagner leur vie ?". Le représentant de la filière lait sarthoise en appelle à la conscience de celles ou ceux qui poussent leur caddie en magasin : "Il faut absolument que le consommateur ait bien ça en tête quand il fait ses courses, il faut acheter français pour sauver l'agriculture française et qu'il se refuse à acheter des produits qui viennent de l'étranger". Au-delà de l'origine française à privilégier s'agissant du lait, la FDSEA affirme qu'en dessous d'un euro le litre, "il faut bien se dire que l'éleveur ne peut pas vivre de son travail".