Loir-et-Cher : BorgWarner et Caillau misent sur l’hydrogène
Publié : 8 novembre 2022 à 12h04 par Nicolas Terrien
Deux industriels loir-et-chériens développent actuellement un système d’injection à l’hydrogène qui s’adapterait sur les moteurs diesel actuels. Si les performances seraient quasi-équivalentes selon BorgWarner et Caillau, l’Europe reste sceptique face à la production de gaz à effet de serre potentiels.
Stellantis croit en cette technologie. Porsche aussi, même si l'idée n'est pas d'en équiper ses voitures en l’état actuel des choses. Honda non plus. Les alternatives au diesel à l’horizon 2035 sont en phase d’accélération, avec une bonne avance prise par l’électrique. A Blois, BorgWarner a écrit son histoire industrielle sur la base du diesel en fabriquant au fil des dernières décennies des systèmes d’injection sous différents noms au gré de ses changements de capitaux -Rotodiesel, Lucas, Delphi...-. La décrue annoncée du diesel oblige l’industriel implanté dans le monde entier à revoir son catalogue, afin de ne pas revivre des épisodes de licenciements -140 personnes l’an dernier à Blois-. Avec un effectif de 900 salariés à ce jour, BorgWarner a fait plancher son pôle recherche et développement sur un système d’injection hydrogène qui remplacerait les composants diesel, et sans démonter tout le bloc moteur. Il suffirait de changer la rampe d’injection et le calculateur, et à la place du réservoir à gazole y installer une bombonne d’hydrogène, et le tour est joué.
Des eurodéputés à convaincre
Sauf que pour l’heure, l’Europe ne se montre pas très favorable à cette technologie, même une fois la page du diesel tournée en 2035, comme le confirme Isabelle Savoye, communication manager chez Caillau. Cette entreprise spécialisée dans la fabrication de colliers de serrage pour l’automobile -notamment- qui emploie 700 salariés à Romorantin-Lanthenay est partie-prenante du projet avec BorgWarner. "La Commission européenne lui reproche sa production de NOx, c’est-à-dire d’oxyde d’azote", soit une émission polluante considérée comme un gaz à effet de serre. "Actuellement, nous savons traiter cela avec la technologie SRC", assure pourtant Isabelle Savoye, en l’associant avec l'AdBlue, un liquide composé d'eau déminéralisée et d'urée, qui permet de transformer le NOx en vapeur d'eau et en azote non polluants. Mais plus généralement, les débats européens portent sur la production d’hydrogène bas-carbone sur la base du nucléaire.
Un pari sur l’avenir ?
Si la solution technologique de l’hydrogène paraît encore loin d’être tranchée à Bruxelles, le pôle recherche et développement de BorgWarner à Blois dispose de plusieurs prototypes à l’essai, comme le relatait La Nouvelle République dans son édition du 20 août dernier. Pour Isabelle Savoye, "Les performances sont identiques" entre un moteur diesel et un moteur muni du kit hydrogène. Quant au frein européen, il ne fait pas de doute pour la communicante de Caillau "qu’il va falloir que cette technologie soit autorisée pour les véhicules utilitaires si l’on veut continuer à transporter les personnes et les biens, c’est pourquoi nous nous positionnons là-dessus". Des fourgons sont équipés et servent aujourd’hui de démonstrateur auprès des constructeurs. L’idée étant aussi de décarboner plus rapidement le parc de véhicules existant, le temps que du neuf sans émission de CO2 ne sorte de production.