Malade, il se lance pour défi de faire un combat de boxe
14 mars 2023 à 13h47 par Joris Marin
C'est une belle soirée de boxe anglaise qui se profile le samedi 24 juin à Rouen. Parmi la dizaine d'oppositions accueillies au Kindarena, on ne manquera pas le premier combat d’Anthony Boscher : pour faire parler de sa maladie, il a décidé de monter sur le ring.
"Mon médecin m’a dit qu’il y avait d’autres façons de parler de la maladie". Anthony Boscher en rigole encore. Ce garçon de 36 ans, habitant de Beuzeville, par ailleurs conseiller municipal de cette commune euroise, s’est lancé un défi personnel. Un combat dans le combat. Il s’entraîne dur pour pouvoir monter sur le ring, le samedi 24 juin, au Kindarena, à Rouen et ainsi disputer un combat de boxe de deux ou de trois fois deux minutes. Anthony Boscher a été diagnostiqué, il y a douze ans, d'une spondylarthrite ankylosante -maladie inflammatoire qui touche essentiellement les articulations entre la colonne vertébrale et le bassin-.
Monter sur le ring comme dernier challenge
Si le mal dont souffre le Normand ne met heureusement pas sa vie en jeu, il peut néanmoins être à l'origine d'importants handicaps : "En gros, tous mes tendons commencent un peu à se calcifier, j’ai également des problèmes d’estomac, d’intestins... Je ne prends plus de traitement car ils n’ont plus d’effet sur moi. Avant de ne plus pouvoir marcher, je me suis lancé un dernier challenge : monter sur un ring" explique ce passionné de sports en tous genres. Notamment les disciplines de combat, mais pas uniquement puisqu'Anthony Boscher est par ailleurs un fervent supporteur du club de foot du Paris-Saint-Germain.
Il marche avec une canne à 36 ans
Le déclic s’est produit lors du premier confinement au printemps 2020. "La maladie a vraiment évolué, j’ai commencé à marcher avec une canne. A 36 ans, c’est difficile à avaler. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester comme ça, que je devais faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Me prouver que je pouvais accomplir encore quelque chose de grand avant de ne plus pouvoir marcher ou bouger" explique sobrement celui qui avait goûté à la boxe, il y a une dizaine d’années en région parisienne. "Malheureusement, j’avais dû arrêter et ranger les gants pour des raisons de santé". Partie remise... Rendez-vous le 24 juin au Kidarena ! Son combat mais aussi toute la préparation en amont seront visibles prochainement grâce à des images exclusives. "Un documentaire sur cette pathologie et pour rendre compte de la vie des malades dans leur quotidien est en cours. Une équipe me suit durant mes entraînements et ma vie personnelle jusqu’au jour J. De quoi mettre en lumière ce handicap invisible afin de sensibiliser l’opinion publique".
Entraînement comme un pro
Anthony Boscher ne prend pas les choses à la légère. Malgré la maladie, malgré le handicap silencieux -"on a juste des douleurs, on n’est pas toujours compris"-, il s’entraîne deux fois par semaine pour pouvoir être au niveau, le samedi 24 juin, au Kindarena et ainsi donner un peu d’espoir aux malades : "On peut réussir à faire des choses, gardons le sourire, gardons le moral !". Un entraînement particulier dirigé et supervisé par le champion normand Lancelot de La Chapelle, durant lequel "on travaille le cardio et l’entretien physique, pour reprendre un peu vie au niveau des articulations, car je ne peux plus plier les genoux". Et puis, il y a la partie entraînement collectif avec le club de Beuzeville. Au menu cette fois, des séances plus techniques. Un programme copieux mais digeste malgré la spondylarthrite ankylosante. "Je m’entraîne comme un pro, ce n’est pas facile, on y va avec le cœur et les tripes. Il faut aller jusqu’au bout".
Un combat exhibition
Cette soirée est pilotée par Lancelot de La Chapelle : il s'agira du premier gala en tant qu’organisateur de ce boxeur professionnel, âgé de 24 ans, qui habite lui aussi dans le secteur de Beuzeville et qui compte à ce jour six victoires contre une défaite. Celui qui a fait une grosse carrière amateur, en étant tout proche de participer aux JO de Tokyo pour le compte de la Belgique, sera bien évidemment à l’affiche, sur le ring, le 24 juin. Au programme : sept combats amateurs réunissant plusieurs membres de l’équipe de France.
Une grosse soirée de boxe
Parmi les "pointures" annoncées : le Rouennais Lounès Hamraoui. Quatre duels professionnels avec à chaque fois au moins un Normand, en plus de l’exhibition d’Anthony Boscher. Que de la boxe anglaise. S’il y a une deuxième édition l'an prochain pour "Les Derniers Chevaliers" -c’est le nom de l'événement-, le MMA pourrait se greffer aux festivités-. "Le but premier est de pouvoir relancer un peu la boxe sur le territoire. En Normandie, on a de bons sportifs, de bons espoirs. Ce serait triste qu’il ne se passe rien pour les mettre en lumière".
Premier prix à 25 euros
Lancelot de La Chapelle, qui arrive à vivre de son sport grâce aux bourses de ses combats et ses sponsors, -en termes de rémunération, on est plus proche du Smic que du salaire de Kylian Mbappé-, dépense de l’énergie à monter la soirée du 24 juin au Kindarena. "Cela demande beaucoup de temps, c’est aussi beaucoup de pression, car il y a de nombreuses choses à effectuer, mais c’est une belle aventure. D’un point de vue financier, c’est compliqué, car il faut trouver des sponsors, chose pas évidente en boxe". Le budget de la soirée est estimé à 70 000 euros. Mais Lancelot de La Chapelle n’est pas tout seul dans cette affaire. Il peut compter sur l’expertise et la collaboration d’une agence de communication basée à Pont-l’Evêque ainsi que sur son entraîneur, Athman Bouhemama. La billetterie de cette soirée doit ouvrir en avril. Premier prix fixé à 25 euros.