Multiplexe de Lisieux : "On espère que les choses vont s’accélérer"
6 avril 2023 à 11h25 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM
Pas encore digéré, l’épisode de la fermeture du cinéma "Le Majestic", à Lisieux, fin mars, pousse le directeur du groupe Reynaud à redoubler d’efforts pour que le projet tant attendu du multiplexe se concrétise.
Pas de la fiction, mais bien une histoire vraie : depuis la fin mars, le cinéma d'art et essai "Le Majestic", à Lisieux, est fermé. L'établissement, qui a ouvert à une époque où l'on faisait la queue pour aller savourer le dernier Tati ou frissoner devant la silhouette d'Audrey Hepburn, aura proposé dans ses plus belles années jusqu’à 550 fauteuils. Mais de vilaines infiltrations ont fini par s'inviter dans le scénario et, à force d'intempéries et de dégradations infligées au béton de la reconstruction, il a fallu se résoudre à ce que sonne le glas de ce lieu globalement resté dans son "jus". Loin d'un "happy end", la fermeture est désormais actée.
Fermer pour rouvrir... en plus grand
"C’est un coup de massue mais on savait que la massue était au-dessus de nos têtes depuis un petit moment, nous avions pris un casque pour nous protéger... L’annonce a été accueille avec de la déception, d’autant plus que nous n’avions pas manqué d’investir dans ce bâtiment" réagit Grégoire Reynaud, directeur du groupe du même nom, qui exploite des cinémas depuis cinq générations -implanté en Normandie comme à Lisieux avec également "Le Royal", ainsi qu'à Courseulles-sur-Mer, Luc-sur-Mer, Bernay ou encore dans le Loiret et même jusqu'en Champagne-. L'idée, c'est néanmoins d'aller de l'avant, avec un projet de multiplexe : "Les premières discussions remontent à l’an 2000".
L’avenir du site ?
Le groupe Reynaud -Grégoire a repris l'entreprise avec sa soeur l'été dernier- est propriétaire des murs du "Majestic" et du "Royal". Les fermetures et la cession de ces deux cinémas contribueront à faire sortir de terre le multiplexe tant attendu : "Le Majestic est officiellement en vente, ça a été précipité par l’annonce de la fermeture définitive du cinéma. Le prochain acquéreur en fera ce qu’il en veut. Peut-être des logements, ce qui aurait du sens, il faut dire qu’il y a un déficit d’habitations dans la ville. A moins que les lieux restent dans le domaine culturel. Rappelons que Le Majestic fait face au théâtre. Le champ des possibles est large". Même combat pour "Le Royal", plus proche du centre-ville, se trouvant à côté d’une école et de commerces. "Lui sera à acheter au moment où la construction du multiplexe aura commencé, histoire que la transition se fasse très rapidement, pour que les Lexoviens ne soient pas privés de cinéma" rassure Grégoire Reynaud, 34 ans, directeur d’exploitation d’un groupe d’une cinquantaine de salariés, dont le siège se trouve dans la capitale du Pays d’Auge.
A quoi ressemblera le multiplexe ?
Le projet tel qu’il est dessiné prévoit l’implantation d’un cinéma de huit salles au sein duquel les films "art et essai" mais aussi "commerciaux" cohabiteraient -les cinq salariés en charge de l’exploitation du "Majestic" et du "Royal" seraient transférés sur ce site, et l’embauche de deux ou trois personnes supplémentaires devrait aussi intervenir-. Un projet estimé à sept voire huit millions d’euros : "Mais plusieurs éléments peuvent faire varier le prix, notamment s’il y a un parking pouvant servir à plusieurs usages". Des fonds provenant de la poche du groupe Reynaud, qui est un indépendant privé. Des subventions publiques pourraient aussi venir s’y greffer, à plusieurs titres. "Le cinéma est un élément dynamisant, pas qu’à Lisieux, dans toutes les villes. Cela génère de l’activité et de l’attractivité. De plus, dans le cadre des dispositifs d’éducation à l’image, des scolaires viennent régulièrement dans nos structures. Disons les choses. C’est peu rémunérateur, seulement 2,30 euros par personne. A ce titre, les cinémas bénéficient de subventions à la création. Enfin, nous accueillons aussi à Lisieux, en notre sein, des conférences données par l’université inter-âges. Nous remplissons ainsi certaines missions qui pourraient l’être par d’autres, sans être rémunérés actuellement".
Un nouveau projet, oui, mais pour quand ?
L’emplacement du multiplexe est déterminé. Il s’agit de l’ancien garage Citroën, route de Paris. Pas très loin du centre de la capitale du Pays d’Auge. "Le terrain est la propriété de la ville. Il y a énormément de contraintes et différentes étapes à réaliser, comme la dépollution. Autre paramètre : beaucoup d’acteurs sont impliqués dans ce dossier, ça prend donc du temps. Il faut être patient. Des choses restent à faire, je crois, entre la ville et la communauté d’agglomération Lisieux-Normandie. Nous sommes convaincus de travailler comme il faut avec les élus en place. Le seul frein que j’y vois, c’est le fait qu’il y ait des éléments financiers restant à fixer. Souvent, ils sont là les points d’achoppement. Nous allons avoir besoin d’aides et les collectivités vont étudier tout ça". Grégoire Reynaud ajoute ne pas endosser ce rôle pour la première fois : "Durant la période pendant laquelle le projet de Lisieux a végété, soit environ vingt-cinq ans, on a fait sortir de terre six cinémas en France. Ce qui a pu nous rassurer sur nos capacités à entreprendre et à réussir". Un multiplexe à Reims, d’autres à Montargis, Saint-Lô, Bernay... Le scénario sur lequel le groupe Reynaud travaille pour ce qu s'apparente à une Arlésienne -lexovienne-, ce serait pourquoi pas la pose de la première pierre, début 2024, pour une ouverture à la fin de cette même année.