L’art Rurbain débarque à Nogent-le-Rotrou

"Le graffiti est-il si urbain que ça ?" : c’est la question que posent les jeunes de l’association "Au Pire". La réponse tombe aussi vite qu’une bombe de peinture de l’escabeau... "Non, faisons-le savoir ! Le graffiti est aussi un art des champs, autant qu’un art des villes". Pendant le confinement, ces graffeurs dans l’âme ont créé leur asso, la première du genre dans le Perche. "D’où le nom du festival, "Rur !" pour "rurbanité", avec les urbains qui reviennent dans les campagnes" explique Erwan Le Lann, activement impliqué dans la démarche.

"Peindre tous les murs sans vergogne"

Pour monter son premier festival, la jeune structure nogentaise s’est rapprochée du groupe d’associés qui ont fondé l’espace de coworking So’Work dans la rue de Rhône. En 2017, ces derniers ont acquis une friche industrielle qui accueillait autrefois les Fonderies Nogentaises. Un ensemble de constructions éparses qui renaît et qui se trouve une nouvelle vocation, entre activités tertiaires et créations artistiques. De quoi égayer ce site avec ses bâtiments en parpaings bruts, gris et sales, résultat de décennies de délaissement.

Street art ou pollution picturale ?

Ainsi, les 600 mètres carré de façade des bâtiments de So’Work vont prendre des airs du New York des années 70, mais avec des rues nettement moins mal fréquentées. "L’idée, c’est aussi de balayer les idées reçues sur le graffiti" argumente encore Erwan, peut-être celles qui nous rappellent les réalisations plus ou moins heureuses que l’on retrouve sur les bords des nationales, les transformateurs EDF, les trains ou les usines abandonnées... Ici, on appuie sur la démarche artistique, avec des artistes accomplis. Même les non-initiés connaissent désormais Banksy...

En avant-première sur "Rur !" : l'hommage au cheval percheron par l'artiste Protostella. © Nicolas Terrien

40 graffeurs à Nogent

"Comme c’est une première, nous avons convié beaucoup d’amis" confie Adrien qui, lui aussi, anime une association d’artistes de rue à Chartres. "Nous avons repeint les murs de So'Work cette semaine afin de les confier à une quarantaine d’artistes. Ils pourront laisser libre court à leur inspiration, sans barrière !". A l’issue de l’événement se posera la question de la pérennité des graffs, puisque à proximité visuelle immédiate du château des Comtes du Perche... "Nous verrons, mais certains devraient rester".