Le Mans : Juliette, Axel et Lucas témoignent de la difficulté d'être apprentis en temps de pandémie

SWEET FM
De gauche à droite : Axel, Juliette et Lucas
Crédit : Jonathan Lateur

11 mars 2021 à 14h35 par Jonathan Lateur

Le temps est long et les sources d'inquiétude sont multiples pour les apprentis de la filière restauration confrontés au manque d'expérience en entreprise du fait des restrictions sanitaires.

D’ordinaire bien remplies, les semaines des apprentis cuisiniers, serveurs ou traiteurs le sont aujourd’hui nettement moins. Du fait des restrictions sanitaires imposées par le gouvernement, beaucoup de ces jeunes, qui ont même souvent l'habitude de jouer les prolongations en salle ou en cuisine, n’ont pas mis les pieds dans un restaurant depuis le mois d’octobre. En manque d’expérience professionnelle, ils doivent se contenter des heures de formation théorique pour apprendre leur futur métier. "Au CFA CCI Le Mans Sarthe, 80 à 90% des apprentis de cette filière se retrouvent aujourd’hui au chômage partiel. Nous avons souhaité conserver en présentiel les deux jours de cours par semaine afin de maintenir au minimum le lien. Nous essayons de dérouler notre programme tant bien que mal, mais plutôt mal que bien parce qu’il manque l’apport de l’entreprise" explique son directeur, Christophe Albert.

                                                   Christophe Albert, directeur du CFA CCI Le Mans-Sarthe

La détresse de Juliette

A 18 ans, Juliette se voyait déjà élaborer ses premiers desserts dans la cuisine d’un restaurant du centre-ville du Mans, d’accord pour l’accueillir avant la crise : "Je voulais compléter mon bac pro obtenu l’an dernier par une mention dessert. Je me retrouve aujourd’hui coincée chez moi à déprimer" déplore la jeune femme. L’établissement qui emploie Axel, son camarade, ne l’a pas renvoyé chez lui, mais à certaines conditions : "Je suis censé être en mention complémentaire dessert sauf que je travaille comme un cuisinier puisque nous sommes en effectif réduit" témoigne celui qui a décidé de prolonger son cursus scolaire d’une année du fait de la situation actuelle. Lucas, lui aussi, a pu continuer à travailler, grâce à la vente à emporter et au service en chambre mis en place dans l’hôtel qui l’emploie : "On se rend bien compte malgré tout que l’on avance moins vite, qu’il y a des lacunes" résume-t-il.

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"Pour certains, cela fait 10 mois de chômage partiel"

La plupart des 280 apprentis du centre de formation manceau avaient déjà été mis au pain sec professionnellement parlant pendant plusieurs mois de l’année 2020 : "L’an dernier, ces jeunes ont déjà vécu le premier confinement total. Aujourd’hui en deuxième année, ils se retrouvent au chômage partiel. Certains d’entre eux ont eu quasiment dix mois sans aucun contact avec le monde professionnel" s’inquiète Magali Letard, responsable de la filière. Moins de temps d’apprentissage, c’est aussi moins de facilité à acquérir les compétences de base : "On voit tout de suite la différence entre un jeune qui ne fait rien depuis fin octobre avec un jeune qui est en entreprise. Même si c’est souvent seulement pour des repas à emporter, ces apprentis continuent à voir les bases de cuisine" constate Frédéric Courtois, formateur au CFA CCI Le Mans Sarthe. S’ils parviennent malgré tout à combler leurs lacunes, ces apprentis redoutent d’obtenir en fin d’année un diplôme dévalué du fait de la situation sanitaire.

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                                                   Christophe Albert, Magali Letard, Frédéric Courtois