Normandie : des boîtes aux lettres pour libérer la parole des enfants violentés
23 mars 2021 à 15h25 par Julien Dubois
Elles sont abritées par des écoles ou des structures sportives. Les boîtes aux lettres de l'association "Les Papillons" se multiplient depuis la fin de l'année dernière en Normandie. Celles-ci visent à libérer la parole des enfants victimes de violences.
Inciter les enfants à exprimer leurs souffrances, bien souvent invisibles, par écrit. C’est l’objectif de ces boîtes aux lettres, déployés par l’association "Les Papillons". Elles sont généralement installées au sein d’écoles ou de structures sportives, à l’abri des regards.
Faire le premier pas
On en compte déjà une quinzaine dans l’agglomération de Rouen, et quelques-unes dans l’Eure. Elles disposent toutes de formulaires à remplir. "C’est vraiment important que ça se fasse à l’écrit, la première fois, parce qu’ils ne peuvent pas parler. Ils ont une pression, des menaces. Par contre écrire, ils peuvent, tous les enfants écrivent. C’est un peu comme une bouée jetée la mer pour ces enfants-là" indique Karine Blache, la référente de la structure en Seine-Maritime.
Signalement à la protection de l'enfance en cas de danger imminent
L’association peut compter sur ses bénévoles pour recueillir les mots -au moins deux fois par semaine- et pour en prendre connaissance. "Il y a une équipe pluridisciplinaire qui étudie le message. Derrière, il n’y a que deux solutions : si l’enfant déclare des faits le mettant gravement en danger, le président de l’association alerte la CRIP -Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes-. Autrement, on traite en interne en prenant contact avec le directeur de l’école ou le président du club de sport" ajoute Karine Blache.
Boîte aux lettres - Association "Les Papillons"
Le harcèlement scolaire, un véritable fléau
Et si l'association "Les Papillons" accompagne les enfants touchés par toutes sortes de maltraitances, ce sont les faits de harcèlement scolaire qui reviennent les plus souvent, parmi les 150 mots traités depuis le début de l’année au niveau national. "Il y a un réel problème dans les écoles. On a des collégiens qui menacent de se suicider, parce qu’ils ne trouvent plus de solutions. Chez les primaires, on a des garçons qui lèvent les jupes des filles, des élèves qui s’insultent continuellement. Il y a des petits qui sont mal dans leur peau […] Une simple différence est source de moquerie" constate Karine Blache, alors que le nombre d’enfants victimes de harcèlement scolaire en France est estimé à 700 000.