Sarthe : jugé pour le vol de 142 sacs à main de la marque Hermès
31 janvier 2021 à 19h02 par Jonathan Lateur
Un homme de 40 ans comparaissait ce vendredi devant le tribunal correctionnel du Mans pour sa participation supposée à deux cambriolages dans les entrepôts du sous-traitant Noras, à Maigné.
Pris la main dans le sac. Les juges du tribunal correctionnel du Mans examinaient ce vendredi 29 janvier une affaire de vols en réunion par effraction au préjudice de l’entreprise sarthoise Noras, sous-traitant de la marque de luxe Hermès. Le prévenu, Rouky L., était soupçonné d’avoir pris part à deux cambriolages survenus à quelques semaines d’intervalle, entre les mois de mai et de juin 2019, dans les entrepôts situés à Maigné. Au total, 142 sacs à main, d’une valeur de 7 000 euros pièce, avaient été dérobés. Quatre individus apparaissaient sur les images des vingt-et-une caméras de sécurité de la société, mais un seul était donc renvoyé devant la justice.
Interpellé par les gendarmes
A l’audience, comme lors de l'instruction, le suspect a reconnu sa participation au second cambriolage, celui opéré dans la nuit du 18 au 19 juin 2019. Contrairement à ses trois complices, le quadragénaire n’est pas parvenu à prendre la fuite. Alors qu’il s’apprêtait à monter à bord d’un des deux véhicules utilisés pour l’occasion, les gendarmes ont réussi à l’en empêcher. Sur lui, les militaires retrouveront une cagoule, un talkie-walkie, du gel paralysant, une lampe torche ainsi que des étiquettes faisant référence au modèle de sacs à main volés. L’exploitation des images de vidéosurveillance permettra ensuite aux enquêteurs de retracer le film des évènements.
Une opération minutieusement préparée
Cette nuit-là, les quatre voleurs passent un peu moins d’une quarantaine de minutes sur place. Ils découpent d’abord la clôture extérieure à l’aide d’une pince-monseigneur, puis pénètrent à l’intérieur du bâtiment en fracturant le sas habituellement réservé aux livraisons. A l’aide d’un pied de biche, puis d’une masse, les complices réussissent tant bien que mal à forcer la porte du coffre donnant accès aux luxueux sacs à main en cours de confection. 125 modèles "Kelly" seront transportés dans un sac poubelle puis chargés dans le coffre des véhicules. Avant de quitter les lieux, de la mousse d’extincteur sera vaporisée pour effacer d’éventuelles empreintes.
Similitudes avec le premier casse
Les enquêteurs de la gendarmerie ne tarderont pas à faire le rapprochement avec le premier casse survenu dans la nuit du 15 au 16 mai. Le mode opératoire est en tout point similaire avec toutefois un butin moindre : 17 sacs avaient disparu. Les caméras montreront la présence de trois individus, dont un à la silhouette assez proche du mis en cause, la même tenue vestimentaire avec exactement les mêmes chaussures, une paire de sneakers Nike. La voiture utilisée pour ce cambriolage, un Renault Scénic, avait été volée peu de temps avant à Crannes-en-Champagne puis incendiée à trois kilomètres des entrepôts Noras, à Chemiré-le-Gaudin.
Des aveux à minima
S’il reconnaît avoir pris part à la deuxième visite nocturne, Rouky L. jure qu'il ignorait l'endroit vers lequel lui et ses complices se dirigeaient. Le quadragénaire dit s’être fait piéger par trois hommes rencontrés la veille : "Je pensais participer à un simple vol de voiture. Je n’étais pas dans mon état normal à cause de l’alcool et du cannabis" assure l’homme aux neuf condamnations, mais encore jamais pour ce type de fait. "Vous dites que l’on vous aurait remis le kit du parfait cambrioleur, mais le caractère bien huilé des faits souligne que vous n’êtes pas une petite main ramassée en soirée" insistera la procureure avant de requérir une peine de quatre ans de prison ferme.
L’avocat de Nicolas Sarkozy pour assurer sa défense
Attraction de ce procès, la présence, en qualité d’avocat de la défense, de maître Thierry Herzog n’a pas laissé insensibles ses confrères. Le conseil parisien est surtout connu pour avoir comme client l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Au cours d’une plaidoirie sans excès, il s’est attaché à démontrer l’absence d’élément matériel permettant de relier son actuel client au premier casse : "La coïncidence en matière judiciaire ne forme pas la preuve !" dit-il pour convaincre les juges. Stratégie payante puisque le tribunal relaxera finalement le prévenu pour cette partie de l’affaire. Rouky L. écopera malgré tout de trente mois de prison ferme.
Hermès réclame 300 000 euros de dommages et intérêts
Compte-tenu des dix-neuf mois qu’il a déjà passés en détention provisoire, le natif du Nord pourra prétendre à être libéré dans quelques mois. Mais une autre audience l’attend le 22 juin, celle concernant le volet civil. Les sociétés Noras et Hermès sont en droit d’exiger des dommages et intérêts. La PME sarthoise estime ses pertes (dégâts matériels, manque à gagner) à près de 70 000 euros. Quand la marque de luxe entend, elle, réclamer environ 300 000 euros. Au total, la valeur commerciale des articles dérobés est estimée à près d’un million d’euros. Des sacs à main qui selon les dires du prévenu auraient été brûlés "car ils n’étaient pas finis, donc invendables..."