Quatrième année d’internat : "De la poudre de perlimpinpin !"
28 novembre 2022 à 15h57 par Julien Dubois / crédit photo : AdobeStock
Le gouvernement prévoit l’instauration d’une quatrième année d’internat en médecine générale, afin d’envoyer les étudiants dans les territoires les moins bien dotés en la matière. Une mesure qui suscite la colère des futurs praticiens.
La gronde des étudiants contre la quatrième année d’internat de médecine générale dans les territoires les moins bien dotés a été intégrée à la loi de financement de la sécurité sociale. Une mesure qui, selon certains, ne résoudra pas les problématiques liées à l’accès aux soins : "Tel que c’est voté, c’est une récupération politique pour faire de la poudre de perlimpinpin pour le grand public. Le gouvernement tente de faire des choses dans l’immédiat pour le système de santé et les patients, mais c’est jeter de la poudre aux yeux, parce qu’actuellement on sait juste qu’il y aura un envoi dans les zones sous dotées. Le comment et les moyens seront mis après. Ils mettent la charrue avant les bœufs" se lamente Hugo Métaireau, président du SIREHN IMG, le syndicat des internes de médecine générale de Rouen.
Un énième "colmatage"
L’instauration de cette année supplémentaire est prévue dès la rentrée prochaine pour les nouveaux internes. Ses détracteurs y voient un énième "colmatage", pour tenter de réparer un système de santé malade et qui s’appuie très largement sur les futurs médecins :"On débloque tant de millions, mais ce sont des mesures sur le court terme pour faire de petits pansements sur la plaie, on ne cherche pas à la guérir. C’est grâce aux internes que les hôpitaux et les services tournent. Il y a un tel flux de patients et de choses à gérer pour assurer la bonne prise en charge, que sans le nombre d’internes que l’on est, ce serait difficile […] La masse de travail est énorme, avec des semaines à 100 heures qui ne sont pas rares" souligne-t-il.
Risque de manquer d’encadrants
Et si le président du syndicat des internes rouennais convient que des améliorations peuvent être apportées à un cursus qui fournit tout de même déjà un important bagage, l’ajout d’une quatrième année reste, selon lui, éloignée des réalités du secteur : "Pour être bien formé, on a besoin d’encadrants et de maîtres de stage. A Rouen, on peine à les renouveler. On a deux stages chez le médecin généraliste. En première année, on est avec lui. En troisième, on est autonome. Actuellement, on a pile-poil ce qu’il nous faut pour le nombre d’internes. Rajouter une quatrième année, ça voudrait dire trouver d’autres maîtres de stage, ce qui n’est pas possible. Ce serait donc une formation au rabais" déplore Hugo Métaireau.