Rouen : l’actrice Nikita Bellucci dénonce les dérives dans le milieu du porno
8 juin 2022 à 10h42 par Julien Dubois / crédit photo : Sweet FM
A la tête d’un club pour adultes à Rouen, l’actrice et réalisatrice Nikita Bellucci réagit au scandale "French Bukkake". Cette affaire, qui a démarré en 2020, a mis au jour les pratiques sur certains tournages de films pornographiques, poussant une mission d’information du Sénat à entendre, il y a quelques semaines, les producteurs Dorcel et Jacquie et Michel.
Une cinquantaine de victimes, au total, qui ont dénoncé avoir subi des viols en réunion et des pratiques non consenties lors de tournages de films pornographiques. L’affaire "French Bukkake", née en 2020, a conduit à la mise en examen d’une dizaine de personnes depuis l’automne 2021. Choquée par ces révélations qu’elle a découvertes par l’intermédiaire de "Mediapart", l’actrice et réalisatrice Nikita Bellucci affirme avoir elle-même subi des violences sexuelles lors d’un tournage en 2012, à l’issue d’un salon érotique : "Alors que j’étais en état d’ébriété après avoir bu l’apéro, Oliver (NDLR : réalisateur et producteur) me propose de tourner une scène. Donc je tourne cette scène avec l’acteur Tony Caliano, et en plein milieu, Oliver S. se décide à mettre son pénis dans ma bouche. Il m’a fallu dix ans pour comprendre que c’était un abus de faiblesse. Je n’avais pas conscience, en fait, de ce qui c’était passé. Pourtant, cette scène, avant même que toutes ces affaires sortent, m’était restée dans la tête parce que je savais que ce n’était pas normal".
Prendre soins des acteurs et des équipes
Après avoir décidé de mettre un terme à sa carrière dans le X en 2016, après cinq années d’activité assez prolifique, Nikita Bellucci a décidé de renouer avec son activité en 2019. Les productions dans lesquelles elle tourne désormais, à caractère indépendant, sont réalisées par son mari Ludovic Dekan. Un binôme qui s’attelle à véhiculer un nouveau souffle sur les plateaux de tournage. "Je sais comment prendre soin des collègues et des équipes techniques. Donc ça me semble normal qu’on ait à manger sur le set. Moi, il m’est arrivé de passer une journée de tournage avec uniquement des chips et du Coca, pas de toilettes, aucun endroit pour se laver. Nous, on essaie de mettre en place des bonnes conditions pour tout le monde, que les gens se sentent bien […] La personne sait toujours ce qu’on va tourner, elle ne le découvre pas le jour même. On n'impose rien" explique-t-elle.
Accentuer la prévention auprès des mineurs
Autre sujet sur lequel l’actrice est engagée : la régulation de l’accès aux sites pornos pour les mineurs, face au manque protection pour empêcher le visionnage des contenus par les plus jeunes. Cinq plateformes sont même dans le viseur de l’ARCOM, pour non-respect de la vérification de l’âge des visiteurs. Le gendarme du numérique demande la fermeture de ces sites, mais le processus, s’il aboutit, n’aura de toute façon que très peu d’effets selon Nikita Bellucci : "Il y a des sites qui sont très facilement accessibles où on peut retrouver des contenus illicites, et ces sites-là ne sont pas surveillés. Donc j’ai bien peur qu’en bloquant seulement cinq sites, ça laisse libre-court à tous les autres de prendre en clics ! Ça fait trop d’années que ça dure, on tourne en rond : le signalement a été fait, on transmet au tribunal, il n’y a rien qui bouge. Et il faut savoir qu’il n’y a pas besoin d’aller sur des sites pornos pour voir du porno. Sur les réseaux sociaux, il y en a énormément, et rien que ça, ce n’est pas régulé !" souligne-t-elle.