Saint-Laurent-Nouan : contre une nouvelle extension du golf des Bordes

Le projet d'extension du golf

Modifié : 18 février 2025 à 10h59 par Nicolas Terrien

Alors que des travaux d’agrandissement sont déjà en cours sur 66 hectares adossés aux 560 déjà exploités, le golf des Bordes envisage de s’étendre sur 91 hectares supplémentaires. En attendant l’enquête publique, des voix s’élèvent encore contre le projet.

"C’est un projet à contre-courant de l’époque !" peste Yves-Marie Hahusseau. L’élu d’opposition à Saint-Laurent-Nouan anime l’association "Engagement Citoyen", qui a fait partie des organisateurs de la manifestation du 8 février dernier, forte de 200 personnes à l’entrée du golf des Bordes. Célèbre pour sa centrale nucléaire, la commune de 4 500 habitants est aussi un lieu prisé de ce tourisme pas franchement nouveau entre Loir-et-Cher et Loiret. En effet, le golf sur la propriété qui appartenait jusqu’au mitan des années 80 au baron Bich -le créateur du célèbre stylo "Bic"- a été repris en 1987. Il est aujourd’hui détenu par un fonds d’investissement britannique, "RoundShield Partners", qui déjà en 2020 a sollicité une demande d’agrandissement sur 66 hectares, finalement autorisée en 2020 par le préfet de l’époque, François Pesneau. "Le calendrier a pris du retard" croit savoir Yves-Marie Hahusseau, en montrant les nombreux panneaux exposant les permis de construire... pour un hôtel cinq étoiles, 70 résidences hôtelières et plus d’une cinquantaine de "lodges" très haut de gamme.

Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :

Une autre extension de 91 hectares

"Nous ne sommes pas contre ces travaux et la pertinence de cet équipement, mais contre le déboisement de 91 hectares supplémentaires" précise Nicolas Orgelet. Le militant écologiste -par ailleurs vice-président du SIAB qui élabore le Schéma de cohérence territorial (Scot) sur les zones d’Agglopolys, du Grand Chambord et de Beauce Val de Loire- souligne ce qui doit sonner comme un élément choc : le classement en zone Natura 2000 des terrains convoités. "L’abattage des arbres aurait des conséquences sur l’environnement, c’est évident" poursuit Nicolas Orgelet, peu convaincu par les contreparties exposées par les porteurs du projet. "On nous parle de sélection des arbres qui seront coupés, d’installation de nichoirs à oiseau...". Pour Yves-Marie Hahusseau, c’est bien ce qui est le plus choquant : "On sait l’importance de la forêt pour le maintien du climat". Sans compter que "nous, à Saint-Laurent, on nous limite à 350 ou 500 mètres carrés de terrain pour une construction. C’est contradictoire. Il y a deux poids, deux mesures !".

Le projet d'extension du golf des Bordes

Bientôt l’enquête publique

En 2020, le feu vert avait été donné pour l’extension en cours, malgré l’avis défavorable émis par la Mrae, la Mission régionale d’autorité environnementale. "Cette fois, elle n’émettra pas d’avis" assure Nicolas Orgelet : "Elle doit faire face à trop de demandes d’impacts environnementaux, et n’a plus les moyens". Une étude d’incidence a donc été demandée au Conseil régional, en tant que gestionnaire des sites classés Natura 2000 par l’Europe. "A présent, notre rôle est de sensibiliser sur l’enquête publique qui devrait bientôt démarrer" reprend Yves-Marie Hahusseau, même si la préfecture de Loir-et-Cher n’a communiqué sur aucun calendrier à ce jour. En parallèle, les opposants à la nouvelle extension du golf des Bordes préparent un recours devant la justice administrative, et probablement une nouvelle manifestation dans les semaines à venir. "Il faut attirer l’attention sur cette affaire" insiste l’élu Saint-laurentais, à contre-courant d’avec ses collègues élus à la commune et à l’intercommunalité. Après tout, le projet des Pommereaux voisin à celui des Bordes avait fini par être abandonné il y a deux ou trois ans...