Tempête sur les ondes : les radios associatives menacées par la baisse du "Fonds de soutien"

Studio Zef émet sur deux fréquences à Blois et à, Vendôme.

14 novembre 2024 à 10h53 par Nicolas Terrien et Jonathan Lateur / crédit photo : Sweet FM

La loi de finances pour 2025 ampute de 35% la dotation du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), pourtant vitale à la pérennité de nombreuses stations locales qui émettent sur la bande FM. Reportage à Blois chez Studio Zef, et au Mans chez Radio Alpa.

La sémantique ne varie guère dans les catégories d’activités visées par les mesures d’économie édictées dans la loi de finances 2025 présentée par le gouvernement de Michel Barnier : "Coup de rabot" pour les collectivités, "coup de massue" pour les retraités... D’autres parlent même de "coup de guillotine" : ces "autres", ce sont les 750 radios associatives de France -plusieurs dizaines d'entre elles sont implantées dans le grand ouest- qui bénéficient du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), dont la baisse envisagée pour l’année prochaine serait de 35% ! Près de huit stations sur dix pourraient donc se voir amputées d’une importante part de leur budget annuel, comme Studio Zef à Blois : "Sur un budget de 130 000 euros en 2023, le FSER en représentait 45%" calcule Thomas Thierry, coordinateur d’antenne. Ainsi, si la baisse envisagée était directement répercutée, il manquera 36 000 euros dans le budget 2025 de la radio associative blésoise. "Inacceptable !" tranche-t-on chez Zef.

Inquiétudes sur l’emploi et les contenus

Avec une nouvelle fréquence inaugurée il y a quelques semaines sur Vendôme, la rentrée avait plutôt bien commencé pour Studio Zef. Mais avec l’annonce d’une ponction à cette échelle, c’est forcément la question de la survie de la station qui se pose : "Les fédérations syndicales s’activent au niveau national" poursuit Thomas Thierry. A son échelle, la radio créée en 2008 entrevoit de sérieuses menaces pour ses trois salariés, chargés d'encadrer les quarante-cinq bénévoles qui produisent l’essentiel du contenu de l’antenne. "La baisse du FSER impliquerait de développer notre activité d’atelier radio, mais nous ne sommes déjà qu’une toute petite équipe..." déplore Clémentine Lathelier, précisément affectée à ces missions au quotidien.

Le reportage de Nicolas Terrien chez Studio Zef, à Blois :
Au Mans, Jean-Yves Breteau dans le studio de Radio Alpa

"Il y a quelqu'un, au gouvernement ou dans un ministère, qui veut notre mort !" lance sans ambage Jean-Yves Breteau, président de la Confédération nationale des radios associatives et responsable d'antenne pour Radio Alpa, au Mans : "C'est la première fois me semble-t-il, qu'un gouvernement ose comme ça s'attaquer aux radios associatives... Et on ne comprend pas, d'autant que le budget en question, s'il est bel et bien important voire vital pour chacune de nos stations, n'est globalement pas énorme pour l'Etat" complète-t-il, en s'inquiétant d'ores et déjà de devoir en arriver "au mieux à licencier pour les plus grosses structures, ou au pire à mettre la clé sous la porte pour les plus petites radios qui parfois ne comptent qu'un seul salarié".

Qu'en est-il chez Radio Alpa, au Mans ? Reportage de Jonathan Lateur :

Précisons que Sweet FM, station entièrement financée par ses annonceurs et n'ayant donc pas recours aux subventions publiques, n’est pas concernée par cette possible réduction du Fonds de soutien à l'expression radiophonique. N'empêche, comment rester insensible à la mise en danger de la pluralité des expressions sur la bande FM ?