Une AOC qui passerait de Cour-Cheverny à Chambord
Publié : 6 juillet 2022 à 17h55 par Nicolas Terrien
Pour éviter les amalgames entre les appellations "Cheverny" et "Cour-Cheverny", la dernière pourrait prendre le nom de "Chambord". Un fait rarissime dans l’histoire des AOC françaises, mais qui pourrait bien aboutir !
Les deux jeunes AOC du sud Loire -depuis 1992- ont des noms très proches, pour des vins très différents. A Cheverny, on trouve des vins rouges, rosés -gamay, pinot noir- et blancs -sauvignon, chardonnay-, souvent flatteurs et exubérants. Les vins de Cour-Cheverny eux, n’existent qu’en blanc et uniquement en Romorantin, le fameux cépage ramené de Bourgogne par François 1er en 1518. "Les professionnels et les prescripteurs s’y perdent" reconnaît volontiers Michel Gendrier, le président du syndicat des deux appellations. L’idée serait donc de clarifier cette aire géographique tout juste connue des amateurs... Et surtout de profiter du fait que Chambord se soit relancé dans la production de vins depuis 2018, dont un fameux Romorantin "franc de pied", issus de greffes de vignes pré-phylloxériques venant de chez Jean-Sébastien Marionnet, soit quelques ares de vignes plantés entre 1820 et 1840 selon les ampélographes. Une belle histoire pour justifier l’émergence d’une "AOC Chambord" !
Oui pour le nom, non pour l’image !
En fait, l’arrivée de Chambord dans la danse change tout. Et offre l’opportunité supplémentaire de surfer sur une image forte, voire de prestige : "Au début, je n’y étais pas très favorable" admet Jean d’Haussonville, le directeur général du fleuron des châteaux de la Loire. "J’ai évolué sur la question, et aujourd’hui, nous y sommes prêts" assurait-il au contraire ce 4 juillet, lors de l’inauguration du nouveau chai du domaine. Seule condition émise par Chambord : le contrôle de son image. "L’image du château sera réservée aux vins produits sur le domaine". En revanche, le nom de Chambord pourra être utilisé par tous les actuels producteurs de Cour-Cheverny. Mais cette "AOC Chambord" pourrait mettre encore un peu de temps avant d’apparaître sur les étiquettes. Le dossier est entre les mains de l’Institut national des appellations d’origine (INAO). "Au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau de s’en faire aussi une opinion" suggère Jean d’Haussonville.