Absence de beau temps en Normandie : "Nous avons joué à des jeux, on s’est aussi reposé"
12 juillet 2024 à 12h10 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM
Nous ne sommes qu’au mois de juillet et la saison est loin d’être terminée. Mais, pour le moment, le mauvais temps et le contexte politique pesant ont impacté la fréquentation des campings normands : moins 12% par rapport à l’an passé. Reportage en Suisse normande.
"Il est temps que la saison commence. Jusqu’à maintenant, avec le temps, cela a été compliqué. Même pour les clients, ce n’est pas agréable quand il pleut en permanence" : Frédéric Bué, un des nouveaux propriétaires du camping "Les Rochers des Parcs" en pleine Suisse normande -secteur connu pour ses reliefs surprenants, terrain de jeu idéal pour pratiquer la randonnée, l’escalade, le canoë-kayak ou encore le parapente- vient de faire un résumé météo du début de ce mois de juillet. Il attend avec impatience le retour des beaux jours. Celui qui a repris cet établissement l’an passé vit actuellement sa deuxième saison : "L’année dernière, c’était beaucoup plus rempli, plus vivant. C’est bien plus calme en 2024". Pas de quoi établir pour autant un bilan maussade. "Les chiffres, on les regardera à la fin de la saison touristique. Pour l’instant, sur juillet, le taux de remplissage est d’environ 70%". Pas question en tout cas de brader les prix : "Ce n’est pas notre politique. Si c’est pour remplir et ne pas gagner d’argent, il n’y a pas d’intérêt. Le but du jeu est d’amortir le fonctionnement de tout" explique Frédéric Bué entouré de neuf employés.
"On a dû annuler l’activité canoë à cause de la pluie"
En cette matinée du mercredi 10 juillet, alors que la pluie est absente, un jeune couple d’une vingtaine d’années, Raphaël et Marine, est en train de jouer une dernière fois aux cartes, avant de quitter le camping "Les Rochers des Parcs" et de prendre les transports en commun, direction son domicile en région parisienne. "Nous sommes venus de Domfront à pied, là où nous avons des attaches familiales. Il nous a fallu cinq jours pour parcourir la centaine de kilomètres entre le point de départ et le point d’arrivée. Si nous avons choisi la Suisse normande, c’est pour les activités à faire, comme l’escalade". Trois jours sur place au cours desquels le mauvais temps ne les aura pas épargnés : "Nous avons dû annuler l’activité canoë-kayak que nous avions prévue en raison de la pluie. Résultat : nous avons joué à des jeux, on s’est aussi reposé. Le bilan n’est pas mitigé, d’autant que nous avons eu un peu de beau temps en marchant pour venir jusqu’au camping. Cela aurait été différent si nous n’avions pas effectué cette longue randonnée". En espérant pour eux que leurs vacances programmées en septembre en Italie soient plus ensoleillées...
Retard d'environ 12% comparé à l'été 2023
Nous nous sommes entretenus avec Christophe Lelièvre, le président de la fédération régionale de l’hôtellerie de plein air de Normandie. Dans la région, on compte 380 campings. Comme le veut l’adage, les chiffres ne mentent pas : "Au niveau du taux de réservation, nous sommes en retard d’environ 12% par rapport à l’été 2023. Bizarrement, on tire quand même notre épingle du jeu pour le moment grâce à deux dates qui ont été importantes : le week-end de l’Ascension où nous avons eu cette parenthèse estivale de cinq jours et où les campings étaient à 85% complets. Il y a eu ensuite les festivités du Débarquement de juin 1944 qui ont profité lors de la première semaine de juin à tout le tourisme normand". Moins 12% au final. Avec des disparités : "C’est plus dur pour les établissements dans les terres qu’en bord de mer". Avant de relativiser et une mise en contexte : "Je vous rappelle que nous avons bénéficié les deux dernières années de l’après Covid, avec de très grosses augmentations. Finalement, la question est de se demander et de savoir si on ne retombe pas sur des niveaux de fréquentation normaux ?".
"Nous devrions faire beaucoup de locations de dernière minute"
Comment expliquer ces chiffres ? Il y a trois éléments selon Christophe Lelièvre. En plus de la météo et du contexte politique, figure aussi le pouvoir d’achat : "Il faut savoir que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale a stoppé net les réservations en France. Maintenant que nous sommes débarrassés de cette problématique d’élection et que les vacances vont vraiment commencer, nous devrions faire beaucoup de locations de dernière minute. Cela risque de se décanter, tout particulièrement quand le soleil sera de retour. Je ne suis pas plus inquiet que ça. Et de toute façon, les campings vont s’adapter. Ils vont par exemple louer un mobil-home sur deux-trois jours au lieu d’une semaine". Christophe Lelièvre ajoute que la saison s'étire jusqu’aux vacances de la Toussaint. "Depuis deux ou trois ans, nous avons une très belle fréquentation sur septembre et octobre. D’ailleurs, les réservations sont plutôt bien parties sur cette période. N’oublions pas non plus qu’au mois d’août, toute l’Europe est en vacances".