24 Heures : une course centenaire à l'avenir prometteur
Publié : 12 juin 2023 à 22h44 par Emilien Borderie / crédit photo : Frédéric Dubuisson
L'éclatante victoire de la Ferrari 499P #51 du trio formé par Alessandro Pier Guidi, James Calado et Antonio Giovinazzi a clos une édition des 24 Heures du Mans 2023 aussi riche en rebondissements qu'en promesses pour l'avenir de cette épreuve d'endurance automobile désormais centenaire.
Osons l'écrire : en 2023, et pour la première fois depuis quelques années, les 24 Heures du Mans n'ont été ennuyeuses à aucun moment. Depuis le départ donné par LeBron James jusqu'à la victoire d'une Ferrari qu'on n'attendait pas là. La richesse du plateau en catégorie "Hypercars" est le premier des ingrédients : seize voitures engagées, dont cinq constructeurs de renom que sont Ferrari, Porsche, Toyota, Cadillac et Peugeot avec une majorité de modèles débutants confiés à plusieurs pilotes et team managers exceptionnels. S'y sont ajouté des conditions météorologiques fluctuantes qui ont favorisé, au grand dam des concurrents qui y ont laissé des plumes mais au bénéfice du spectacle, les faits de course -personne n'a été blessé, qu'on se le dise-.
Duel digne d'une course de Formule 1
Dès les tous premiers mètres, on a eu confirmation de ce que les observateurs ont constaté lors des essais libres et qualificatifs : la vélocité des Ferrari 499P et Toyota GR010 Hybrid, qui se sont immédiatement livré un duel digne d'un grand prix de Formule 1. Sur pratiquement toute la durée de cette 91e édition, le "top 5" n'aura ensuite eu de cesse de voir alterner aux avant-postes les voitures des écuries italienne et nippone, de même que les Porsche du team Penske Motorsport, mais aussi les 9X8 de Peugeot Sport et les Cadillac V-Series R Américaines. Avant que ne s'instaure un finish haletant, mettant aux prises l'hypercar #8 du Gazoo Racing -après l'abandon de la #7- et la jolie F499P #51 de l'écurie AF Corse.
Mais il serait restrictif de n'évoquer que la catégorie-reine : en LMP2 et LMGTAm aussi, l'intérêt de la course s'est hissé à la hauteur de ce que les 325 000 spectateurs -record pour la billetterie, tout est parti bien avant le jour J- étaient venus chercher sur cette édition du centenaire. Jamais, au cours des récentes éditions, les 24 Heures du Mans n'avaient offert une telle succession de séquences riches en adrénaline : qu'il s'agisse de vitesse pure, de dépassements houleux, d'arrêts aux stands stratégiques ou... de pépins techniques et de glissades incontrôlées. Comme en témoigne le "cimetière" de l'édition 2023 : vingt-deux abandons, soit plus du tiers de l'effectif présent au départ !
Ferrari et AF Corse, collaboration fructueuse
La victoire de l'hypercar à la toison rouge est aussi l'aboutissement du partenariat entre la mythique marque Ferrari, dont l'usine et le siège se trouvent à Maranello, et l'écurie privée -la "scuderia" devrait-on dire- AF Corse, implantée à une centaine de kilomètres plus au sud de l'Italie, à Piacenza : née autour d'un programme "GT" uniquement et consistant à faire rouler au Mans des Ferrari 458 puis 488 "classiques" jusqu'à maintenant, la collaboration a franchi un pallier, et brillamment, avec ce premier prototype de catégorie "Hypercar" qui a démontré d'indéniables qualités non seulement de vitesse mais aussi et surtout de fiabilité et ce, dès la première participation à la classique d'endurance sarthoise.
"Cinquante ans après, nous sommes de retour en compétition dans la catégorie d'endurance la plus exigeante, celle qui est au coeur de notre histoire comme de celle de tous les sports mécaniques : d'où notre fierté de faire monter l'Italie une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium au Mans, célébrant, au passage, de la plus belle manière possible le centenaire de la course la plus importante du genre dans le monde" a réagi John Elkann, président de Ferrari, par la voie d'un communiqué de presse adressé aux rédactions dans la foulée d'un sacre manceau qu'il qualifie "d'exemple pour tous sur une telle durée, avec une météo imprévisible et face à de redoutables concurrents".
En attendant Alpine, BMW, Lamborghini
Des étoiles plein les yeux -des chevaux cabrés, pour certains...-, les amateurs de sport automobile veulent croire que cette édition 2023 marque un tournant, une forme de renouveau pour les 24 Heures du Mans : en attendant la vraie course du futur, celle qui se fera avec des moteurs réellement propres, gageons que les plus grandes marques du monde confirment voire amplifient leur intérêt pour des programmes et des budgets sportifs incluant l'épreuve sarthoise. Sur ce plan, le millésime 2024 s'annonce d'ores et déjà généreux : les 15 et 16 juin prochains, on devrait avoir droit à des affrontements en piste impliquant en "Hypercar" non seulement une toute nouvelle Alpine, mais aussi des modèles de chez BMW et Lamborghini.
Le "top 5" en catégorie-reine
1 / Ferrari 499P #51 Ferrari AF Corse – Alessandro Pier Guidi / James Calado / Antonio Giovinazzi - 342 tours
Titre :La réaction d'Antonio Giovinazzi, traduite par Jonathan Lateur :
2 / Toyota GR010 Hybrid #8 Toyota Gazoo Racing – Sébastien Buemi / Brendon Hartley / Ryō Hirakawa à 1'21''7933 / Cadillac V-Series.R #2 Cadillac Racing – Earl Bamber / Alex Lynn / Richard Westbrook à 1 tour4 / Cadillac V-Series.R #3 Cadillac Racing – Sébastien Bourdais / Renger Van Der Zande / Scott Dixon à 2 tours5 / Ferrari 499P #50 Ferrari AF Corse – Antonio Fuoco / Miguel Molina / Nicklas Nielsen à 5 tours
Les vainqueurs des autres catégories
LMP2 : Oreca 07-Gibson #34 Inter Europol Competition – Jakub Smiechowski / Albert Costa / Fabio SchererLMGTE Am : Chevrolet Corvette C8.R #33 Corvette Racing - Nicky Catsburg / Ben Keating / Nicolas Varrone