A l’hôpital du Mans, les urgences "en mode camping"

Publié : 12 janvier 2023 à 21h55 par Jonathan Lateur

La triple épidémie de Covid-19, grippe et bronchiolite, ajoutée au manque de lits et de personnels met les urgences de l’hôpital du Mans à rude épreuve. Des soignants témoignent de la situation au micro de Sweet FM.

Le mot "saturation" ne suffit plus... L’hôpital du Mans traverse une crise de grande ampleur. En plus d’avoir déclenché le plan blanc, la direction du CHM annonce également le report des opérations chirurgicales non-urgentes jusqu’à la fin du mois de janvier, comme lors du premier confinement. Aux urgences, l’afflux de patients lié à la triple épidémie de Covid-19, grippe et bronchiolite, s’ajoute désormais au manque de lits et de personnels. "Il y a eu récemment des journées avec jusqu’à 220 passages aux urgences. L’attente avant de voir un médecin peut aller jusqu’à 12 heures assis sur une chaise voire même 14 heures allongé sur un brancard. Malheureusement, il y a déjà eu des drames avec par exemple un patient qui a échappé à notre surveillance pour aller se suicider à l’extérieur" témoigne Quentin*, infirmier dans le service depuis quelques années.


"Je n’aimerais pas avoir à prendre en charge ma propre famille"


Aide-soignante aux services des urgences du CHM, Sabrina* ne cache pas sa colère. Elle se dit même "révoltée" par les conditions d’accueil réservées aux patients, et plus particulièrement aux personnes âgées : "J’essaye de me mettre à la place des familles. La semaine dernière par exemple, faute de place nous avons dû laver des patients dans un couloir devant une baie vitrée ou même dans le lave-main des toilettes. J’ai l’impression qu’on travaille comme au camping. Faut que les gens sachent que nous soignants, nous subissons également ce qu’il se passe aujourd’hui, ce n’est pas ce que nous avons appris, ce ne sont pas nos valeurs. Nos plannings sont aussi régulièrement bousculés du fait de l’absence de collègues à bout de souffle. Il n’est pas rare de devoir revenir travailler sur un jour de repos" dévoile la jeune femme.


Un hôpital toujours sous tension


Pour Marc Gandon, représentant Force Ouvrière au sein du centre hospitalier du Mans, ces témoignages ne sont que le reflet d’une réalité qui a tendance à s’inscrire dans la durée : "Il y a une vingtaine d’années, je me souviens qu’on appelait les autorités sanitaires pour se déclarer en tensions lorsqu’il y avait un afflux de malades, mais aujourd’hui ce mode de fonctionnement est devenu notre quotidien. Même le plan blanc est utilisé de façon anormale" regrette le représentant syndical. Heureusement dans le contexte actuel, l’hôpital manceau peut s’appuyer sur le renfort de pompiers volontaires, de bénévoles de la Croix Blanche mais aussi de la réserve sanitaire. Selon les chiffres fournis par la direction, il manquerait aujourd’hui une trentaine d’infirmiers et une vingtaine d’aides-soignants dans les différents services du CHM.


*Les prénoms ont été modifiés

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