A La Ferté-Bernard, le parti de Marine Le Pen a triplé son score en vingt ans
3 juillet 2024 à 18h49 par Emilien Borderie
Une simple observation des scores réalisés par le parti au cours des années écoulées dans cette ville, suffit à prendre la mesure de l'accélération du vote en faveur du FN, devenu RN, à La Ferté-Bernard.
Qu'il soit protestataire ou d'adhésion, le vote d'extrême-droite en zone semi-rurale a spectaculairement progressé ces dernières années. Exemple en Sarthe, avec les résultats aux élections législatives du Front National, devenu Rassemblement National, réalisés depuis le début des années 2000 à La Ferté-Bernard : le 9 juin 2002, au premier tour, Lucienne Maleyrat "séduisait" 343 votants quand, le 30 juin dernier, Pierre Vaugarny totalisait 1 215 bulletins à son nom au même stade. En vingt-deux ans, c'est donc un gain de 872 électeurs dans cette ville qui, sur la même période, a vu sa population décroître légèrement.
Sous les 10% jusqu'en 2017
Alors que les candidats extrémistes n'ont jamais dépassé pas la barre de 10% des suffrages exprimés à La Ferté-Bernard entre 2002 et 2017 -Gilles Laurent est même descendu sous les 3% en 2007-, un cap a été franchi en juin 2022 avec Victoria de Vigneral qui a alors frôlé les 18%, puis un véritable bond est à mettre à l'actif de Pierre Vaugarny et de ses 33,6%. En deux décennies, une multiplication par trois et demi, dans une ville qui n'a pas connu d'arrivée massive d'immigrés, qui n'est pas confrontée à une forte montée de la délinquance, pas plus qu'à une dégradation de son tissu économique. Les motivations de l'électorat sont ailleurs.
Européennes et présidentielle aussi
Si le constat est particulièrement visible lorsqu'il s'agit de choisir les députés, la tendance s'observe aussi sur d'autres scrutins : Jean-Marie Le Pen obtenait 679 voix à La Ferté-Bernard pour le premier tour de la présidentielle en 2002, puis sa fille Marine atteignait 893 en 2017 et montait jusqu'à 914 en 2022. Sur les européennes ? 215 Fertois et Fertoises votaient pour Samuel Maréchal en 2004 ; ils ont été 575 à préférer Marine Le Pen en 2014 et pas moins de 971 à prendre un ticket Le Pen-Bardella le 9 juin dernier. Les élections aux enjeux strictement locaux, que sont les régionales et les départementales, échappent en revanche à la "poussée RN".