"Arrêtez ! Arrêtez ! Inconscients ! C'est la honte !" hurlait un militant, bien seul dans la matinée fraîche et bruineuse de ce mardi 19 novembre... et sans parvenir à faire flancher les ouvriers élagueurs affairés à tronçonner les arbres qui longent l'avenue Bollée, au Mans. Car les grandes manoeuvres ont bel et bien commencé, tout doit disparaître : un a un, les quelque deux-cents érables alignés depuis plusieurs décennies le long de la quasi-totalité de cet axe majeur de la capitale sarthoise vont être délestés de leurs branches, les troncs coupés à ras puis dessouchés.

"Normalement, on devrait avoir terminé jeudi" estime l'un des élagueurs missionnés pour cette opération qui ne laisse pas indifférent : il y a ces riverains qui se sont constitués en collectif d'opposants et s'en sont remis à la justice, il y a aussi cet homme qu'on a surnommé "l'écureuil" et qui tient bon, juché dans l'un de ces arbres voués à disparaître, depuis plusieurs semaines... Mais aussi, plus discrètes, de nombreuses personnes certes "secouées" par l'abattage en cours, mais qui se rangent derrière la "phase d'après" qui consistera à planter, et en plus grand nombre, de nouveaux sujets.

S'il a été décidé de couper les arbres, c'est parce que l'avenue Bollée doit être réaménagée de tout son long afin d'accueillir une ligne de bus rapide -projet des "Chronolignes" porté par le maire Stéphane Le Foll- et des pistes cyclables sécurisées, tout en conservant une capacité de stationnement automobile et, évidemment, des trottoirs dignes de ce nom. Le volet "végétalisation" est bien présent : il est prévu la plantation de 208 nouveaux arbres et la création de plusieurs massifs de plantes basses. Selon les dernières estimations, le chantier devrait être terminé pour le mois de novembre 2026.