Ce 18 juin, l’appel des soignants du privé pour de meilleurs salaires

18 juin 2024 à 19h36 par Nicolas Terrien

La grève nationale initiée ce mardi 18 juin dans une centaine d’établissements privés en France a été relayé à la Polyclinique de Blois, avec plus de 130 personnes mobilisées et une activité au ralenti.

"Ma pancarte est pourrie, mon salaire aussi". Sans vouloir témoigner au micro, Isabelle me tend une de ses fiches de paie... avec une ancienneté remontant à novembre 1983, cette aide-soignante qui a travaillé plus de quarante ans en clinique à Blois émarge à 1 341,31 euros nets mensuels : "Vous trouvez ça normal ?" m’interroge-t-elle à son tour. Egalement mobilisée devant l’entrée principale de l’établissement, Stéphanie résume la situation : "Il faut savoir que le SMIC nous rattrape, il nous faut une revalorisation salariale" explique l’aide-soignante, en poste depuis vingtsix ans. A ses côtés, Sylvie appuie ses dires : "A 57 ans, je ressens aussi la pénibilité. On demande certes du salaire, mais aussi du personnel. Celui qu’on nous a enlevé au fil du temps. Ça devient vraiment difficile". Et ce n’est pas beaucoup mieux du côté des infirmières, à en croire Delphine et ses treize ans de pratique : "Nous demandons aussi notre part du gâteau" indique-t-elle, en déplorant au passage "l’idée reçue que dans le privé, nous sommes mieux payés que dans le public".

Titre :Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :

Un accord de branche toujours en suspens


Si quelques grévistes reconnaissent que le "Ségur de la santé" initié après la crise du Covid-19 a pu donner un bol d’air à leurs finances, ses effets ne se font plus guère sentir avec la hausse généralisée du coût de la vie : "Nous demandons l’application de l’avenant 33 qui supprime les rémunérations sous le SMIC" assène Fabrice Gonthier, trésorier de la CFDT Santé-Sociaux en Loir-et-Cher -une disposition encore en vigueur dans ce secteur professionnel, selon un communiqué du syndicat-. Cet accord de branche signé en février 2023 devait en principe s’appliquer à tous les bas salaires au 1er janvier 2024, sauf qu’il n’en a rien été. Justement, le secrétaire national CFDT de la branche Benjamin Vitel était sur le piquet de grève blésois : "Nous demandons au gouvernement de respecter ses engagements et aux employeurs du secteur lucratif de partager les richesses avec les salariés" et ce avant le 31 décembre 2024 avec effet rétroactif depuis janvier. En attendant, cette journée de grève à Blois a mobilisé plus de 130 personnes, et entraîné l’arrêt de cinq des sept blocs que compte l’établissement, selon la CFDT.

Titre :Benjamin Vitel au micro de Nicolas Terrien :

Un nouveau soutien financier "échelonné" ?


Contactée par Sweet FM, la direction de la Polyclinique n’a pas fait de commentaire particulier sur la situation locale, et s’est appuyée sur un communiqué de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) dont elle est membre pour répondre à cette mobilisation : "Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a informé la FHP par courrier que le gouvernement ne sera pas en mesure de financer la mise en œuvre de l’accord dit « avenant 33 » dans ses termes actuels". Et de poursuivre : "Néanmoins, concernant la revalorisation des salaires les plus faibles et la dynamique de valorisation des carrières des personnels soignants de l’hospitalisation privée, le gouvernement est disposé à apporter un soutien financier à un nouvel accord salarial, avec une mise en œuvre échelonnée sur la période 2025-2027". Ce qui ne manquera pas d’interroger, au regard du contexte devenu entre-temps électoral et sans perspective claire de son issue après le 7 juillet.