Des moissons "pires qu’en 2016" en Loir-et-Cher
26 août 2024 à 9h39 par Nicolas Terrien
Si les grosses inondations d’il y a huit ans avaient sévèrement impacté les récoltes, les pluviométries record et le manque d’ensoleillement de cette année ont fait chuté les rendements. A l’heure du bilan, la "ferme Loir-et-Cher" fait grise mine.
Les céréaliers comptaient sur 2024 afin de contrebalancer une récolte 2023 déjà bien mince. Force est de constater que non seulement c’est raté, mais en plus, les rendements sont encore bien moindres ! Ce qui n’est pas sans inquiéter le président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher : "Des emprunts devront être réalisés pour couvrir les charges de l’année à venir. Il arrive parfois que les exploitants ne parviennent pas à rembourser les emprunts 2023-2024 avec la vente de la récolte de cette année, celle-ci ayant été bien trop en deça des besoins pour arriver à l’équilibre" explique Arnaud Bessé. De plus, les marchés mondialisés n’offrent guère d’évolutions positives en termes de prix pour les exploitants, avec de bonnes récoltes aux Etats-Unis, au Canada, et même en Russie et en Ukraine. "Economiquement, les chiffres ne sont pas concordants pour que les agriculteurs se lancent sereinement dans une nouvelle campagne".
Un cumul de déboires climatiques
A l’issue des moissons 2023, près d’un tiers des agriculteurs du Loir-et-Cher étaient en difficulté. Ces derniers comptaient donc sur un automne et un printemps plus favorables pour rattraper cette année culturale contrastée. Sauf que les semis automnaux ont donné le ton avec des pluies incessantes, rendant tout travail dans les champs compliqué, et contraignant les exploitants à les décaler en attendant des cieux plus favorables. Le printemps, lui, s’est montré tout aussi humide et surtout marqué par un manque d’ensoleillement qui a sérieusement entravé la naissance de grains dans les céréales. Ajoutons à cela des épisodes de froid, et même de la grêle dans certains secteurs, et voilà que le couperet tombe cet été, avec une campagne de moissons 2024 que d’aucun qualifie déjà de catastrophique, et même "plus difficile que 2016", estime la Chambre d’agriculture.
La situation par culture au 20 août 2024
Les moissons 2024 ont déjà une caractéristique particulière : elles se sont échelonnées dans le temps ! Et évidemment, les récoltes diffèrent selon les secteurs géographiques et même les exploitations. Pour les orges d’hiver qui sont traditionnellement les premiers récoltés, le nord Loire recense en moyenne 55 quintaux à l'hectare, quand le sud Loire n’en compte que 45. C’est un peu mieux pour les orges de printemps semés à l’automne, avec des rendements entre 60 et 80 quintaux, et avec en prime une qualité correcte. En revanche, c’est une année noire pour les colzas ! Les rendements sont en très forte baisse avec une moyenne établie à 22 q/ha, avec, là encore, de très grandes disparités selon les secteurs où certains céréaliers ont ramassé 35 quintaux quand d’autres n’en récoltaient que cinq ! Encore la faute aux excès d’eau qui ont très durement impacté le développement de la plante en asphyxiant ses racines.
Rendements décevants pour les blés
Ce n’est pas avec la moisson de leurs blés durs que les exploitants se consoleront cet été. En effet, les sols ont peu résisté à l’hydrométrie et ont grandement manqué de soleil, ce qui se traduit par des récoltes entre 20 et 50 quintaux. Pour les blés tendres, c’est encore en nord Loire que le bilan est le moins négatif -entre 45 et 75 quintaux selon les zones contre 30 et 65 dans le sud Loire-. Dans ce contexte morose généralisé, ce sont les cultures bio qui ont payé le plus lourd tribut aux caprices du climat, avec des rendements très faibles, notamment dus à la quasi impossibilité de désherber sur des sols trop humides. Par extension, les élevages caprins rencontrent aussi de grandes difficultés du fait de sols fragilisés qui n’ont pas permis de réaliser des fourrages en temps et en heure.