Dans un entretien vocal accordé à la direction de course, Fabrice Amedeo livre les détails glaçants du naufrage de son bateau au sixième jour de la Route du Rhum : "Il y a de l'eau qui s'est infiltrée dans la batterie, j'ai eu un début d'incendie à bord et ensuite une explosion, j'ai juste eu le temps de mettre ma combinaison et de détacher le radeau de survie qui était à l'arrière. Quand j'ai fait ça, ça a été tellement rapide que je me suis retrouvé au milieu des flammes, ça a été d'une brutalité incroyable, j'ai jeté le radeau à l'eau, mais ça a été très tendu parce que le cordage qui le relie à l'Imoca et qui était censé rompre, n'a pas rompu, donc l'Imoca continuait à tirer le radeau vers les flammes" raconte le skipper natif de Château-Gontier.

Le bateau en feu, qui coule

"J'ai malgré tout réussi à trouver un couteau, à me jeter à l'eau et avec les quelques secondes que j'avais devant moi, à venir couper le cordage" explique Fabrice Amedeo qui n'a, dès lors, pu qu'être spectateur de la pire des scènes que puisse imaginer un navigateur : "J'ai assisté au naufrage de mon bateau en flammes". Puis l'attente, interminable : "J'ai patienté trois ou quatre heures, je savais que les secours allaient arriver parce que j'avais mis ma balise de détresse. Un cargo est arrivé, il a fait une manoeuvre assez spectaculaire dans une mer très formée avec des creux de quatre mètres et trente-cinq noeuds de vent. Je me suis retrouvé dans mon petit radeau qui montait et qui descendait de cinq mètres à côté de ce mastodonte d'acier, il a fallu que j'attrape une petite échelle, ça a été une épreuve !".

Entre la vie et la mort

Une fois à bord du navire, sécurité et soulagement, enfin : "Je me suis retrouvé avec des gens très chaleureux, des gens de plein de pays, pour faire route vers les Açores pour ensuite revenir en France" se satisfait celui qui vogue donc pour l'heure non plus sur son petit voilier mais sur l'immense porte-conteneurs Maersk Brida. "On fait des formations, on se dit que ça reste théorique ce genre de mésaventures, mais là ça m'est arrivé. C'est bien sûr une épreuve de vivre un tel moment, mais je n'ai pas eu peur quand ça s'est produit, je n'ai pas réfléchi. C'est seulement quand je me suis retrouvé au sec que j'ai réalisé ce qui s'était passé, que ça s'était joué à pas grand chose et d'une certaine manière entre la vie et la mort".