Serviliano Da Silva : quand le Stade Malherbe accède à la finale... d'un concours d'éloquence

Serviliano Da Silva, jeune joueur du Stade Malherbe Caen

30 mai 2022 à 17h56 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

Le Stade Malherbe Caen a récemment brillé en coupe Gambardella. L'un de ses joueurs, Serviliano Da Silva, remarquable également dans la prise de parole, va représenter son club ce jeudi 2 juin à Paris lors de la finale nationale d'un concours d'éloquence.

Du short-maillot, au jean-polo à l'effigie du club. Serviliano Da Silva, 16 ans, milieu défensif au Stade Malherbe Caen, va passer à l'offensive ce jeudi 2 juin dans un théâtre parisien : il va représenter son club, "une fierté" répète-t-il, lors de la finale nationale d'un concours d'éloquence. Face à lui, des joueurs évoluant dans une dizaine de centres de formation : PSG, Lille, Troyes... "J'y vais pour gagner !" confie avec ambition celui qui est arrivé en France en 2016, venu de Guinée. Il a composté son billet pour la finale en remportant un challenge interne. Neuf jeunes de Malherbe de la génération 2006 se sont succédé, chacun défendant un thème. Serviliano, qui a choisi la liberté, a fait mouche auprès du jury. "Est-ce qu'être libre, c'est faire ce que l'on veut ?" s'est questionné l'ancien joueur d'Evreux -ses parents habitent encore dans la capitale euroise et son cousin Eder, lui aussi footeux, évolue en équipe première-. "Quand on est libre de travailler comme on veut, une fois embauché, on n'est pas libre de faire n'importe quoi. Sinon, on peut être licencié" lance un brin philosophe l'élève de troisième au collège Saint-Paul. Sa plaidoirie lors de la finale nationale tournera autour du même sujet. L'idée étant de retravailler son texte et de le défendre avec encore plus de sens de la persuasion.

Améliorer sa prestation

"Les footballeurs ne savent pas seulement jouer au foot"

Attaché à son club, Serviliano Da Silva redit sa fierté de représenter Malherbe. Il ne veut pas décevoir le club, encore moins ses coéquipiers : "Mes collègues du concours interne sont là pour me soutenir". Objectif, essayer de performer à Paris, quelques semaines après la finale de la coupe Gambardella -la coupe de France des jeunes- qui a vu le Stade Malherbe s'incliner en face à Lyon dans l'antre du Stade de France. "Nous allons revenir plus forts l'an prochain" commente celui qui a participé à cette belle aventure. Bien dans ses chaussures de foot, bien à l'école. Ce qui vient battre en brèche des idées reçues : les footballeurs, à l'image de Franck Ribéry, ont souvent été moqués par les journalistes et le grand public pour des déclarations d'avant ou d'après-match peu originales ou pour des formules surprenantes, comme "la roue tourne va tourner". "Mais, il y a aussi Mbappé, il parle très bien et c'est un très grand joueur. Regardez aussi l'Espagnol Gérard Piqué. C'est un très bon défenseur et un grand homme d'affaires. Les footballeurs ne savent pas seulement jouer au ballon rond. Dire le contraire, ce sont des bêtises !" tacle l'adolescent malherbiste, qui nous renvoie dans notre surface de réparation. Pour lui, la vie ne tourne pas uniquement autour du foot. Question d'éducation.

Réussir dans le football mais aussi et surtout à l'école

Une heure chaque soir pour les devoirs au centre de formation

"Tout va bien à l'école" assure Serviliano : "De toute façon, si on a des difficultés dans quelques matières, au centre, on nous aide. Il y a Pierre, Marion... Du lundi au jeudi, chaque soir de 18h45 à 19h45, c'est l'heure des devoirs". Pour accompagner les jeunes pousses du SMC, figure notamment Marion Deschateaux, 28 ans, responsable du pôle socio-éducatif au centre de formation. L'extra-sportif en somme. Sous sa responsabilité, près de 90 footballeurs de 13 à 22 ans, en particulier les 35 internes âgés de 13 à 19 ans. "On est davantage présents pour eux. Ils sont loin de leur domicile familial" explique celle qui est en quelque sorte leur "maman". Autour d'elle, toute une équipe : un assistant pédagogique, en charge du suivi de la scolarité en lien avec le référent responsable scolaire, un intendant tous les matins du lundi au vendredi pour être certain que les garçons se lèvent à l'heure, prennent bien leur petit-déjeuner, des animateurs-veilleurs de nuit et un animateur le week-end pour assurer une présence les samedis et dimanches.

Marion Deschateaux, responsable du pôle socio-éducatif au centre de formation de Malherbe

"Les ouvrir à autre chose que le football"

Au-delà de l'accompagnent sportif et scolaire, l'équipe du centre de formation de Malherbe propose régulièrement aux joueurs des actions socio-éducatives, mises en place en partenariat avec des associations, qui interviennent sur différentes thématiques : l'homophobie, la discrimination, l'utilisation des réseaux sociaux... Le but : les ouvrir à autre chose que le football et leur permettre d'être armé lorsqu'ils arriveront dans la société, dans la vie active. Dans ce cadre-là, depuis trois ans, un concours d'éloquence met en compétition des clubs professionnels. Avant la finale interne au SMC, les jeunes ont, pendant un trimestre, suivi deux séances par mois pour pouvoir découvrir la prise de parole, l'écriture, la plaidoirie et pour s'entraîner à présenter et réciter un texte à l'oral en format réel face à un jury. Malherbe n'a pas encore gagné cette épreuve au niveau national. "L'an passé, l'identité des trois premiers a été annoncée. Mais, il n'y a pas eu de classement final. En tout cas, Lyvans Yeponde, qui défendait les couleurs du club, a été surprenant. Il a eu une capacité à apprendre son texte par cœur, à s'investir dans cette finale. Un réel plaisir pour nous. Comme quoi, il n'y a pas que le terrain. Le niveau était relevé et on voit que les garçons sont plein de ressources, loin des stéréotypes".

Il n'y a pas que le terrain