Le Mans : et un et deux et... trois immeubles au pied de la muraille
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Modifié : 28 mars 2025 à 19h47 par Emilien Borderie
Un promoteur immobilier parisien a obtenu l'autorisation de bâtir trois immeubles le long du quai Louis-Blanc, au Mans, à proximité immédiate de la fameuse muraille gallo-romaine. Plusieurs riverains, inquiets des conséquences d'un tel projet, ont saisi le tribunal administratif afin de faire annuler le permis de construire.
"Est-ce bien raisonnable ?" nous demande d'un air entendu cet habitant, dont le jardin donne directement sur la parcelle concernée par le projet : Altarea Cogedim, promoteur parisien, a obtenu l'autorisation de bâtir un ensemble immobilier sur un terrain d'environ 4 000 mètres carrés situé le long du quai Louis-Blanc, au Mans, en contrebas de la rue Delagenière. Exactement à l'endroit où un précédent projet avait fini par capoter dans la foulée de la crise du Covid-19 : il s'agissait à l'époque de bâtir un bloc de dix-huit logements, moyennant la disparition d'une petite zone boisée, paramètre qui avait motivé une levée de boucliers des riverains.
Une soixantaine de logements
En date du 21 janvier, c'est un permis de construire portant non plus sur un immeuble unique mais cette fois sur trois bâtiments qui a été accordé. Et on passe à soixante appartements : une petite vingtaine pour le marché privé, tout le reste en "logement intermédiaire" géré par la collectivité. Sur quatre étages et avec cinquante places de stationnement. Si la parcelle est très contrainte et n'autorisera que peu d'extérieurs, la situation s'annonce en revanche stratégique, à deux pas de la "Cité Plantagenêt" et du centre-ville. Et la vue, elle, promet d'être charmante : la rivière au premier plan, la passerelle d'Enfer, le vieux moulin sur l'eau, l'alignement des façades du quai Ledru-Rollin.
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Malgré deux rencontres au cours desquelles le promoteur a montré ses plans et publiquement détaillé ses intentions, une bonne partie du voisinage s'inquiète : la mise à mal d'une "micro-forêt urbaine avec des écureuils, des chouettes, de beaux arbres" est dénoncée par les uns, quand d'autres redoutent les mouvements de terrain qu'engendreraient les travaux avec risque de fissuration des maisons anciennes situées en hauteur. Et, de manière certes plus subjective, l'allure générale des façades prévues ne suscite pas de grand enthousiasme : "Les matériaux utilisés ne nous rassurent pas, d'autant que la muraille est toute proche, ça va jurer" commente-t-on.
Recours auprès du tribunal administratif
Porté par une dizaine de riverains, un recours contentieux visant à faire annuler le permis de construire a été adressé au tribunal administratif de Nantes. La démarche n'étant pas "suspensive", rien ne s'oppose en théorie, depuis ce vendredi 21 mars, à ce que le chantier démarre. Mais pour l'instant, hormis un barriérage de la zone, les choses n'ont pas bougé. Et pour appuyer leur opposition au projet, ces mêmes habitants s'apprêtent à lancer une pétition en ligne : "On n'est pas du tout contre le fait que des gens viennent s'installer dans le secteur, y compris si c'était du logement social, c'est surtout pour préserver ce petit endroit de nature comme on n'en trouve presque plus nulle part en ville" indique l'un d'eux.
Ramener de la population en ville
"Ça va contribuer à faire revenir des habitants proches d'un centre-ville qui en a bien besoin ! Et concernant la végétation, seuls les petits arbres situés sur la parcelle directement concernée seront coupés, tout le reste, notamment sur le talus, est conservé" argumente Christophe Counil, élu au Mans en charge de l'urbanisme, avant d'affirmer que "le fait de construire au pied de la butte va au contraire permettre de la bloquer, ça va éviter les mouvements de terrain et sécuriser les habitations qui se trouvent en haut". Quant à la modernité des constructions ? "Les immeubles reprendront des formes de maisons, c'est validé par l'architecte des bâtiments de France".